Par Olivier Perceval
On s’étonnait qu’un écrivain libre puisse aller et venir sans danger apparent entre la France et l’Algérie. Mais notre enthousiasme a vite été tempéré. Depuis peu, Boualem Sansal a acquis la nationalité française… et voilà que le « dangereux » individu a été littéralement enlevé par les services secrets du FLN à sa descente d’avion.
On continuait jusque-là à considérer, en fermant abusivement les yeux, l’État algérien comme un État normal, au service du bien commun, alors que c’est un gang mafieux au service d’une oligarchie dictatoriale, dont le « capo » Abdelmadjid Tebboune n’est que le dernier avatar.
Nous n’avons aucune nouvelle de l’écrivain car les gangs qui pratiquent le rapt, comme d’autres font leurs courses quotidiennes, ne s’embarrassent pas de justifications, n’ayant aucune considération pour l’opinion publique. Ils se contenteront peut-être d’adresser une demande de rançon.
Boualem Sansal a coutume de parler librement dans un pays où la notion de liberté est une incongruité. Ça devait fatalement finir comme ça, car le gang au pouvoir en Algérie n’ayant aucune légitimité est fatalement paranoïaque et ne peut supporter la moindre opposition, ni la moindre contestation ce qui est le signe d’une fragilité fébrile.
D’autant que beaucoup d’observateurs attentifs relient cette « crapulerie » au changement de cap à propos des exigences territoriales marocaines au Sahara. Il fallait punir la France.
C’est aussi une manière d’affirmer la continuité de la politique algérienne qui consiste à essuyer ses pieds sur le paillasson français (obligeamment présenté à la souillure par notre diplomatie et nos élites depuis des décennies) en imputant à la France tous ses échecs depuis l’indépendance.
Il en va évidemment de notre honneur de non seulement relever le gant face à cette provocation, mais aussi de passer à une offensive diplomatique musclée en menaçant, par exemple, de renvoyer de l’autre côté de la Méditerranée les dizaines de milliers d’OQTF et autres irréguliers de nationalité algérienne qui se trouvent sur notre sol, et ce en un seul voyage, par paquebot.
En attendant, il nous appartient de multiplier les initiatives, manifestations devant l’ambassade d’Algérie, prises de parole, distributions de tracts pour obtenir la libération de Boualem Sansal. C’est une affaire française et nous ne saurions nous dérober.
Ce n’est pas une banale affaire ! Si la France, par son action soutenue par la mobilisation des patriotes, gagne ce bras de fer contre l’Algérie (ce qui sur le papier est à sa portée), ce sera le signe d’une démarche de reconquête ainsi que d’une réaffirmation du pouvoir régalien qui nous fait tant défaut aujourd’hui. La question est donc la suivante : nos dirigeants, lesquels jusqu’ici ne nous ont pas beaucoup étonnés par leur audace, auront-ils la lucidité et le courage d’aller jusqu’au bout ?