Par Jean-Luc Maisonblanche
La Ve République semblait pouvoir résister à un grand nombre de tempêtes, mais la censure à répétition se profile et peut la faire rompre à jamais.
Si la motion présentée par la gauche est adoptée grâce au RN et aux députés de droite et du centre qui ont déclaré rejeter le projet de budget, le départ du Gouvernement Barnier devrait donner lieu à un appel à une personnalité plus à gauche, acceptée par LFI, et autre que Lucie Castets. Mais, pour autant, le budget que ce gouvernement présentera ne recueillera pas de majorité et nécessitera à nouveau le recours au 49.3. Le gouvernement se verra censuré à son tour par les députés RN, de droite et du centre, du fait de refus majeurs sur des sujets clés. Il se sera écoulé quelques mois.
Cela nous conduira aux termes du délai d’un an, de sorte que des élections législatives seront possibles à l’été 2025 ! C’est seulement à ce moment-là que la France pourra à nouveau compter sur une majorité à l’Assemblée nationale. Au total, les deux années 2024 et 2025 auront été gâchées.
Que se passera-t-il en 2026 ? Les élections municipales.
Que se passera-t-il en 2027 ? L’élection présidentielle.
La Ve République aura démontré son incapacité à donner à la France une stabilité et une vision à long terme, indispensables au recouvrement de sa souveraineté.
À l’origine de cette faillite, le blocage présidentiel. L’actuel président ne voulant pas démissionner, la France est privée de sa capacité à conduire son destin et à vivre en harmonie à l’intérieur et à l’extérieur, juste au moment où les circonstances exigent qu’elle soit forte et unie. Il resterait à Emmanuel Macron à s’arroger les pleins pouvoirs sous prétexte d’urgence, et à mettre en jeu l’article 16. Il resterait aussi à un gouvernement de gauche de faire passer par ordonnances des mesures qui lui procureraient un avantage électoral ou juridique décisif… mais les moyens font défaut.
Quand bien même un mouvement populaire forcerait au départ le titulaire actuel de la présidence, il n’est pas certain que le pays dégagerait un consensus politique autour du bien commun national. À moins de passer par une étape transitoire de recours à l’autorité confiée à un haut conseil de salut public, issu d’une procédure d’exception, et la mise en jeu des articles de la Constitution permettant de procéder, sur les sujets régaliens, à des réformes structurelles, on voit que même cette hypothèse demeure bancale. La seule issue est de sortir de cette Constitution en partie ou en totalité. De la modifier, au minimum, de sorte que le bien commun national soit replacé au sommet de la vie politique, aux dépens des règles et valeurs idéologiques contraires à l’intérêt de la France, notamment les règles issues des traités internationaux.
La légitimité d’un tel recours pourrait être fondée sur un référendum où serait proposé un texte de loi de nature organique mais à portée plus ambitieuse : ouvrir une convocation d’assemblées constituantes dans les régions administratives, sur un nombre limité de thèmes.