Se désaliéner de la démocratie
Par Philippe Germain
Après sa phase de maturité du « progrès heureux », le cycle libéral est entré en déclin. Dès 1978, le grand Soljenitsyne l’avait annoncé en mettant en cause le déclin du courage des élites américaines. Depuis, les États-Unis d’Amérique fracturés passent au populisme. Le Canada, miné par le wokisme, se dissout. L’Angleterre multiculturaliste suscite des émeutes xénophobes. L’Europe se fissure sur l’immigration et l’Ukraine… Et la France ? La démocratie l’a faite décliner. C’est du moins le jugement sans appel de Samuel Huntington : « La France, tout particulièrement, a connu un effondrement éclair dont personne ne semble avoir compris la portée dramatique. Cette nation qui a été pendant mille ans le fer de lance de la civilisation occidentale a basculé à la charnière des années 1970-80. En moins de deux générations, on assiste à une explosion de l’illettrisme, de la criminalité de droit commun, de la corruption politique et à un remaniement à grande échelle de sa population, qui la destituent comme nation historique d’Europe occidentale. »
Le géopoliticien en avait conclu : « Les Français, paradoxalement, refusent de considérer objectivement leur situation et semblent vouloir s’installer dans le déni jusqu’à ce que mort s’ensuive ». Ce qui n’est pas totalement exact car l’Américain Huntington n’a pas eu connaissance du phénomène mis en évidence en 2002 par Daniel Lindenberg, dans son célèbre essai Le Rappel à l’ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires. L’objectif de Lindenberg était de mettre en évidence que « les jours du grand optimisme progressiste, où l’on pensait que la démocratie, les droits de l’homme avaient triomphé, la fin de l’histoire, etc. sont terminés. »
En 2024, le processus de prise de conscience du déclin démocratique à fait son chemin. Une partie de plus en plus large de « l’Intelligence » (Pierre Manent, Michel Gauchet, Pierre-André Taguieff, Chantal Delsol, Bérénice Levet…) s’interroge devant l’incrédulité croissante du peuple français vis-à-vis de la démocratie représentative. Cela se voit de plus en plus… la démocratie est le système oligarchique du pays légal et de ses technocrates qui aliène l’opinion grâce à la classe médiatique. Pire, le régime républicain, de la minorité qui domine le peuple au nom de la majorité, est en crise non plus larvée mais ouverte depuis la dissolution parlementaire de 2024.
Le régime de la démocratie représentative a tout faux. Incapable de défendre les paysans contre le traité du Mercosur. Incapable d’assurer la sécurité du citoyen jusque dans les petites villes. Incapable de répondre au besoin de l’Outre-Mer d’un retour au droit du sang, de la Nouvelle-Calédonie à Mayotte en passant par la Martinique. Incapable d’une diplomatie ambitieuse en zone indopacifique. Incapable, incapable, incapable… L’échec saute aux yeux des gens objectifs qui comprennent que le régime démocratique ne fait qu’augmenter les impôts de la classe moyenne, de la France périphérique, du pays réel qui travaille dur.
Pour faire passer la pilule, la démocratie détourne l’attention par des lois sociétales, le rêve eurocratique et instrumentalise la peur du chaos et d’un fascisme imaginaire, mais ce procédé, lui aussi, s’érode. Les français, peu à peu, se désaliènent car ils ont soif de vérité.
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