Par Gérard Leclerc
L’actualité religieuse est riche pour notre pays en cette période d’Avent. La réouverture de Notre-Dame de Paris a eu un retentissement mondial, montrant à quel point le message du christianisme pouvait concentrer l’attention alors que la guerre fait planer une menace d’embrasement. La venue à Paris, à cette occasion, du président élu américain et du président ukrainien n’est pas un signe à négliger. Dans les rapports de force impitoyables qui mettent notre planète en danger, le recours à la lumière d’En Haut apporte un éclairage de miséricorde et de paix, qui laisse espérer que la venue du Sauveur pourrait transformer les cœurs. Grâce au Ciel, l’événement a prouvé que la France était capable d’émettre un message bien différent de celui de l’ouverture des Jeux olympiques, avec son nihilisme agressif.
Et pour les catholiques de ce pays, il n’était sûrement pas superflu d’entrevoir que le Magnificat, le Te Deum, la litanie des saints, l’Alléluia de Haendel pouvaient revêtir un caractère missionnaire, supérieur à toutes « les ouvertures au monde ». À l’image de la philosophe Hannah Arendt combien ont pu comprendre à cette écoute que « le christianisme, c’est quelque chose ! ».
La réouverture de Notre-Dame a été aussi l’occasion de réinterroger les relations entre spirituel et temporel, le président de la République marquant la place de l’État au chevet mais aussi à l’intérieur de la cathédrale. Selon l’expression célèbre du général De Gaulle : « La République est laïque, mais la France est chrétienne. » Ce que le pape Pie XII entendait par « une saine laïcité » signifie distinction des pouvoirs mais pas ignorance mutuelle. La politique n’est pas un lieu vide, où se réinventerait sans cesse un horizon problématique de « valeurs ». L’épaisseur de l’histoire est nécessaire pour donner sa profondeur à notre regard. La mémoire si chère à saint Augustin donne toute son ampleur à notre vision de l’existence. Oui, telle était la leçon de l’événement lié à la fête de l’Immaculée Conception.
Et voilà que le Saint-Père va être reçu dans l’île de Beauté, qui s’apprête à lui faire un accueil triomphal. On saisira la signification d’un enracinement populaire du christianisme, si délaissé dans la période post-conciliaire. À nouveau, le président de la République sera présent pour accueillir le successeur de Pierre et manifester les bonnes relations de l’Église et de l’État. Pourtant, une ombre insistante planera sur cette rencontre. Comment oublier que la législation de notre pays conspire de plus en plus à détruire son âme, le tissu social et familial, à force de réformes « sociétales ». De l’avortement inscrit comme un droit dans la Constitution au projet de légalisation de l’euthanasie, il y a une même logique désintégratrice qui prouve à quel point la loi civile s’éloigne des lois non écrites et de la loi divine. France, fille aînée de l’Église, souviens-toi des promesses de ton baptême !