Aujourd’hui, le professeur Gourinard évoque les « royalistes et la colonisation ». Plusieurs textes paraîtront sur le sujet au fil des jours. Mais commençons par déminer deux erreurs.
par Pierre Gourinard
L’usage des mots « colonialisme » et « anticolonialisme » est devenu courant et il a acquis droit de cité même dans des publications qui se veulent exemptes de tout « politiquement » ou « historiquement correct ».
Il est donc nécessaire, tout d’abord, de dénoncer l’utilisation frauduleuse de ces mots, employés dans une intention diffamatoire et au mieux, méprisante.
Un néologisme subversif
Le mot « colonialisme » n’apparaît pas avant la Seconde Guerre mondiale. Il est absent dans toute édition du Larousse et du Littré antérieure aux années 1940. Néanmoins, les termes de « colonialisme » et d’« anticolonialisme »foisonnent dès 1943 en Afrique du Nord et sont véhiculés par la presse communiste ou séparatiste en Algérie. Après la Libération, les milieux chrétiens progressistes en feront la même utilisation. Il est donc d’autant plus regrettable de voir ces expressions utilisées par d’excellents ouvrages ou revues. C’est le cas d’une édition du Dictionnaire politique et critiquepostérieure à la mort de Maurras qui donne le titre de « colonialisme » à un article de L‘Action française. Il en est demême d’un dossier intitulé « Ancien et nouveau colonialisme », dans la revue Identité paru en 1994.
Une erreur d’interprétation : droite et gauche devant les Colonies
Il faut également rectifier une autre erreur qui provient d’un manichéisme simpliste : jusqu’à la fin du XIXe siècle environ, la droite aurait été hostile à l’expansion coloniale, tandis que la gauche aurait été globalement favorable.
L’erreur d’interprétation initiale dans ce cas, est l’imprécision des termes « droite » et « gauche ». En second lieu, cette classification sommaire ne tient pas compte de la diversité d’administration de l’Empire colonial français. Ainsi, l’Algérie, ensemble de départements français, n’est pas dissociée des Colonies. Le cas particulier des Protectorats, voire des Territoires sous mandat du Proche Orient, n’est pas défini avec précision. Mais il est remarquable que cette erreur d’interprétation s’inscrive dans une totale méconnaissance ou une sous-estimation de l’aspect religieux de la colonisation.
En effet, comment peut-on, a priori, qualifier d’opposition à l’expansion coloniale, l’idée de soutien aux missions catholiques, inséparable de la pensée catholique et royaliste sur la colonisation ?!
Pour le XIXe siècle au moins, le terme « droite » relève essentiellement d’une partie de l’opinion catholique et royaliste.