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Le trumpisme : un post-libéralisme utile à la France ?

Par Gwendal Keraliès

Depuis son émergence en 2015, le trumpisme a suscité de nombreuses tentatives de définition, souvent contradictoires. Alors que certains le qualifient de fasciste ou de populiste, d’autres, comme le président argentin Javier Milei, y voient un triomphe du libéralisme. Toutefois, au-delà des étiquettes, une question essentielle émerge : le trumpisme peut-il être considéré comme un post-libéralisme ? Et, si oui, représente-t-il un intérêt idéologique pour la France ?

Une révolte contre le libéralisme classique

Le trumpisme, dans ses grandes lignes, est une réaction au globalisme et aux excès du libéralisme économique. Donald Trump a incarné une rupture avec l’orthodoxie néolibérale républicaine, en plaidant pour un protectionnisme économique (droits de douane), des restrictions à l’immigration et une recentralisation de certaines valeurs communautaires. Ces positions s’éloignent des dogmes traditionnels du libre-échange et de la mobilité illimitée des capitaux et des personnes.

Ce positionnement s’inscrit dans une dynamique post-libérale, au sens où il remet en question l’hégémonie du libéralisme classique qui, depuis la chute du mur de Berlin, semblait dominer le paysage politique occidental. En cela, le trumpisme – tout comme le Brexit ou certains courants conservateurs britanniques – exprime une volonté de rééquilibrer les priorités entre libertés individuelles et bien commun.

Pourquoi le post-libéralisme du trumpisme intéresse-t-il les Français ?

Pour nous, ce basculement idéologique américain peut avoir des implications positives. Depuis des décennies, la France est confrontée à une vision libérale qui fragilise ses structures sociales, sa souveraineté économique et sa culture nationale. Si les États-Unis, longtemps champions du libéralisme mondial, amorcent un virage post-libéral, cela peut renforcer la légitimité des idées défendues en France (et d’autres pays du monde) par les courants souverainistes et nationalistes.

Ce post-libéralisme met en avant des concepts que l’Action française soutient depuis longtemps : la défense de la souveraineté nationale, la protection des traditions et le rejet des excès de la mondialisation. En réaffirmant l’importance des institutions locales et des valeurs communautaires, le trumpisme offre un modèle alternatif qui peut inspirer les Français dans la redéfinition de leurs priorités politiques et, en tout cas, cela montre aux militants qu’il n’y a pas de fatalité en politique.

Les limites du trumpisme pour nous

Toutefois, il serait naïf de considérer le trumpisme comme entièrement bénéfique de ce côté de l’Atlantique. Son pragmatisme économique, souvent centré sur les intérêts exclusifs des États-Unis, peut entrer en conflit avec les ambitions françaises. De plus, son style politique polarisant et ses concessions aux courants libertariens américains restent éloignés des traditions politiques françaises.

Une évolution catholique du trumpisme ?

Un élément notable tient à l’influence croissante de figures catholiques comme J.D. Vance et Marco Rubio au sein du trumpisme. Ces leaders, désormais associés au post-libéralisme, plaident pour une politique orientée vers le « bien commun ». Cette approche pourrait aider à résonner un peu plus en France, où l’héritage catholique continue de structurer une partie de la pensée conservatrice.

Le fait que des catholiques comme Vance et Rubio soient au cœur de cette révolution politique aux États-Unis, n’est pas sans rappeler les frères Kennedy. Ils furent les premier catholiques à accéder au pouvoir et ont renversé ce que la majorité protestante d’alors trouvait « normal » : la ségrégation des minorités afro-américaines et amérindiennes. Si ce problème a été résolu, l’Amérique n’en a toutefois pas fini avec les laissés-pour-compte du libéralisme, extrêmement nombreux sur le territoire.

Alors… un exemple inspirant, à suivre avec prudence

Cet aspect du trumpisme, s’il se concrétise, offre une inspiration intéressante pour les Français souhaitant sortir de l’impasse libérale. Cependant, il ne saurait être un modèle directement transposable. Il appartient à la France d’adapter ces idées à son propre contexte historique et culturel, tout en préservant ses spécificités politiques.

Le tournant post-libéral américain rappelle néanmoins une vérité essentielle : les idées dominantes ne sont jamais figées et les résistances à l’hégémonie libérale peuvent porter leurs fruits. En cela, nous pouvons légitimement nous réjouir de voir émerger un courant idéologique qui renoue avec certaines de nos aspirations fondamentales.