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Le premier disque politique

La propagande politique sonore fut précoce : dès 1902, l’abbé Magne, candidat à la députation dans le Lot, enregistra des cylindres pour démultiplier sa présence aux réunions publiques. Ensuite c’est l’Action libérale populaire de Jacques Piou, sorte d’ancêtre des démocrates-chrétiens, qui fait de même dès 1909. Reste que le premier disque de propagande politique en tant que tel est un disque de chansons royalistes.

Des milieux proches de l’AF, plus particulièrement de la Ligue d’Action française, firent presser et commercialisèrent en mai 1929 ce disque comprenant La Royale et Monsieur de Charette.

Qui ? C’est compliqué : pour le dire vite, sous des mentions vagues, tout désigne Jacques Hébertot qui fera réaliser et commercialisera ensuite des disques politiques pour l’AF dans les années 1930. Le disque porte les mentions suivantes :

  • La Royale – chanson-marche des Camelots du Roi, chantée par Maurice Terrillon – paroles de Maxime Brienne – musique de René de Buxeuil – éditeur : Labbé.
  • Monsieur de Charette – chanson des gars de Vendée, chantée par Maurice Terrillon – ritournelle et harmonisation de Maurice Duhamel – éditeur : Maurice Sénart.

Les éditeurs indiqués sont ceux des partitions. Chacune des faces porte en outre : « En vente : Ligue d’AF, 14 rue de Rome – Paris ».

Le disque est annoncé dans L’Action française du 26 mai 1929 en page 5 dans la rubrique consacrée aux activités de la Ligue : « Une de nos plus grandes maisons d’édition vient d’éditer un disque de phonographe à aiguille comprenant La Royale et la Chanson de M. de Charette. La Fédération de Paris peut le mettre dès maintenant à la disposition de nos amis au prix de 20 francs (22 francs franco). Adresser les commandes à Pierre Loisier, Fédération, 14 rue de Rome, 8e ».

Les spécialistes pinailleront que les socialistes vont suivre de près. On attribue à l’hésitation de leur direction de n’avoir pas agi plus vite et ce n’est qu’à la toute fin 1929 qu’ils feront paraître une série de disques politiques, intitulés « La Voix des nôtres » reprenant des extraits de discours.

Reste que ce disque détient bien l’antériorité… symbolique ? Sans doute. Mais la politique est aussi faite de symboles. Si un obscur disque de chansons socialisantes avait été pressé avec une mention de la SFIO — même très vague —, avant celui dont nous vous proposons ici les deux faces réunies, on nous dirait sans hésiter ni barguigner que le premier disque politique fut socialiste. Il n’en est rien : il fut royaliste.

Qu’en est-il de ses qualités propres ? Disons que la conjonction des imperfections techniques du temps et d’une manière de chanter qui semble aujourd’hui bien éloignée de nous paraît cruelle, en particulier pour Monsieur de Charette…

Enfin qui était donc Maurice Terrillon qui chante ici ? S’agit-il bien du fils de l’inventeur de l’asepsie, Octave Terrillon ? C’est probable. Ce Maurice Terrillon était avocat de profession ; on trouve sa trace dans quelques mentions au Figaro, dans L’Action française, dans Comoedia ou encore dans Le Gaulois. Mais on trouve aussi des mentions de quelques évidents homonymes, aussi nous ne pouvons être entièrement affirmatifs.

Lien : https://www.youtube.com/watch?v=YY-bv1Rmgus