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Monde & Vie : En Syrie comme ailleurs, l’islamisme tue !

Dans le précédent numéro de Monde&Vie, le journaliste et grand reporter Régis Le Sommier émettait des réserves sur l’accueil enthousiaste réservé par la diplomatie et les médias français à l’arrivée au pouvoir en Syrie d’Ahmed al-Charaa (photo), fondateur de l’organisation islamiste Hayat Tahir al-Cham. « Acclamer ce personnage comme le libérateur de la Syrie après la fin de la dictature de Bachar el-Assad me paraît très naïf », disait-il, en observant que, déjà, certains groupes ethnoreligieux, notamment les alaouites (une hérésie chiite) et les chrétiens, faisaient l’objet de règlements de comptes et de persécutions de la part des milices islamistes. Les massacres perpétrés début mars contre ces communautés montrent que ses craintes étaient justifiées.

Pour prévoir ce qui allait arriver, il suffisait de se souvenir de ce qui s’est passé en Irak, en Libye, en Tunisie et plus récemment en Afghanistan. Dans tous ces pays, la chute de régimes despotiques et corrompus, acclamée par les médias français, a provoqué un chaos encore pire pour les populations concernées et profité aux islamistes. À la fin de la fête, nos journalistes passent à un autre sujet et les peuples ont la gueule de bois.

Il fallait se rappeler aussi les crimes commis depuis 2011 au Moyen-Orient par les djihadistes d’Al-Qaida, de Daech et d’al-Nosra, qui sont les mêmes que ceux d’Hayat Tahir al-Cham. Al-Charaa compta lui-même parmi les meneurs de ces mouvements, sous son nom de guerre d’al-Jolani. « Ce n’est pas parce qu’il s’est affublé d’une cravate qu’il a des intentions louables et la nocivité du djihadiste ne se mesure pas à la taille de sa barbe », avertissait encore Régis Le Sommier. Ces nouveaux massacres le confirment. Ils ont principalement frappé, autour des villes de Lattaquié, Banias, Tartous, la communauté alaouite dont sont issus les Assad, mais des chrétiens aussi ont été tués. La supérieure du couvent de carmélites de Maaloula, mère Agnès-Mariam de la Croix, interviewée par Tocsin-Média, n’a pas hésité à parler d’un « génocide » auquel le nouveau gouvernement syrien ne peut ou ne veut pas mettre fin. Si ce mot paraît (pour l’instant ?) trop fort, on peut parler d’un nettoyage ethnique. On dénombre plus d’un millier de victimes, y compris des femmes et des enfants : c’est au moins autant que lors des attentats du 7 octobre en Israël.

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