La mobilisation, hier, des électeurs de la droite parlementaire et du centre à la primaire de leur camp est indéniable : bien plus importante que celle des électeurs de gauche en 2011, elle est surtout le signe du délitement aggravé de nos institutions que la présidence pitoyable de Hollande n’a fait qu’accélérer.
La présidentielle comme la rencontre d’un homme et du peuple est bien morte. Les partis ont totalement repris la main, les électeurs devenant les otages consentants d’une mascarade électorale de recyclage : le trio arrivé en tête a déjà gouverné ensemble plusieurs décennies et est donc directement responsable de la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui le pays. Certes, du seul point de vue de la France, qui est le nôtre, l’éviction définitive de Nicolas Sarkozy dès le premier tour et celle, probable bien qu’à confirmer, d’Alain Juppé dimanche prochain, sont deux sources indéniables de satisfaction.
Il n’en reste pas moins qu’on discerne mal le fil qui relie François Fillon à l’histoire millénaire d’un pays en pleine crise économique, sociale et identitaire. Que des électeurs aient pu voir une promesse de renouveau dans cet ancien collaborateur de Sarkozy, dont tout le parcours politique oscille entre reniements et docilité servile, en dit long sur le mal inhérent à la république : conduire les Français à trouver le sauveur parmi ceux qui les conduisent à la catastrophe.