Une artiste blanche a-t-elle le droit de représenter le cadavre d’un homme noir ? Tel est l’enjeu d’un débat qui fait rage dans la communauté artistique depuis l’ouverture de la Biennale du Whitney Museum, à New York. L’objet de la discorde, Open Casket, une peinture réalisée par Dana Schutz, s’inspire d’une photo du cadavre au visage défiguré d’Emmett Till, gamin de 14 ans torturé et tué en 1955 par les suprématistes blancs du Mississippi. Une image devenue une icône des droits civiques.
Or, on ne touche pas aux icônes sans permission, estime la communauté artistique noire. Le jour du vernissage, le 17 mars, l’artiste new-yorkais Parker Bright s’est placé devant le tableau pour en barrer la vue. Avec cet argument : les Blancs n’ont pas à faire circuler des images de violence raciste. Sa consœur Hannah Black a également haussé le ton dans une lettre ouverte publiée sur Facebook , et signée par une vingtaine d’artistes, appelant au retrait et à la destruction du tableau. Ni plus ni moins ! « Il est inacceptable qu’un Blanc transforme la souffrance noire en profit et en spectacle », écrit-elle. Et d’enchaîner : « La liberté de parole blanche, la liberté créative blanche repose sur la contrainte des autres. Il ne s’agit pas de droits naturels. »
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