Crédits photo : Evan Vucci/AP
Pour la première fois depuis son intronisation, Trump a trahi ses promesses de campagne. Les échecs successifs du «muslim ban» et de la réforme de l’Obamacare étaient le fait des juges et du Congrès et non d’une quelconque trahison de ses électeurs. En revanche, son attaque soudaine visant des bases militaires syriennes est le résultat de sa propre volonté. Voici comment Trump a conclu sa déclaration après l’attaque: «Nous espérons que tant que l’Amérique se dressera en défense de la justice, la paix et l’harmonie finiront par prévaloir». Conclusion qui succédait à un appel à toutes les «nations civilisées» à s’unir contre Assad.
endant sa campagne présidentielle, Trump avait pourtant tenu une toute autre ligne. Son diagnostic tranchait de façon radicale avec la ligne des néoconservateurs ainsi qu’avec celle de l’administration Obama: «Tout a commencé avec cette idée dangereuse selon laquelle nous pouvions convertir à la démocratie libérale des pays qui n’ont ni l’expérience ni l’intérêt de devenir une démocratie libérale». Les guerres d’ingérence, la volonté d’imposer son système de valeurs (la démocratie libérale) par la force, l’universalisme belliqueux des néoconservateurs: Trump promettait d’en finir avec une philosophie non seulement dangereuse mais aussi profondément discutable du point de vue moral et philosophique. Sur le plan politique, Trump réveillait l’espoir d’un rapprochement possible (et ô combien souhaitable) avec la Russie et de la naissance d’un monde réellement multipolaire.
En quelques jours, ces espoirs se sont effondrés – au moins provisoirement. Et on assiste, circonspects, au retour de ce concept clef de la pensée libérale et néoconservatrice, la «guerre juste».
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