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Une belle escroquerie

Le second tour annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen aura donc bien lieu, consacrant ainsi l’élimination historique des deux principaux partis de gouvernement de la Ve République, de gauche et de droite. Même nos médias sont obligés d’admettre que cela manifeste un rejet massif de la classe politique, mais ils se gardent d’évoquer l’escroquerie qu’il y a à présenter Macron comme un « candidat anti-système », lui qui rassemble les plus opportunistes de ce « système » discrédité, lui qui était même le candidat favori de ce système dont les médias sont l’un des piliers. Alors qu’aucun président n’avait été à ce point rejeté par les Français, c’est l’homme qui a été quatre années durant son principal conseiller, puis son ministre des finances, qui va vraisemblablement lui succéder : c’est un tour de force qui élève la cuisine politicienne au rang de grand « art ».
L’autre escroquerie a été de faire croire que Macron n’était ni de gauche ni de droite – seule façon, bien sûr, de ne pas apparaître comme le dauphin d’un Hollande discrédité et méprisé – quand toute sa « philosophie » politique le positionne à gauche : mais pour le comprendre, il faut se souvenir qu’à l’origine la gauche ne s’identifie pas au socialisme et qu’elle se caractérise principalement par l’idéologie du Progrès issue des Lumières. Le nom de son parti, En marche !, illustre à lui seul cette idéologie du mouvement perpétuel, cette volonté de déracinement qui a toujours caractérisé le « progressisme » dont il se revendique fièrement, lequel n’a jamais été qu’un autre nom de la gauche. Cette gauche minoritaire en France est donc en passe de faire élire l’un des siens après la plus calamiteuse expérience présidentielle de l’histoire de la Ve République.

LE FN, SEULE FORCE D’ALTERNANCE ?

Les Français ne seront pas dupes longtemps. Il est peu probable qu’ils réalisent vraiment la supercherie avant le second tour, tout l’establishment appelant en cœur à faire barrage à Marine Le Pen qui aura d’autant plus de mal à atteindre la barre des 50 % que son score du 1er tour est inférieur à ses espérances. Cette unanimité contre elle la fait toutefois apparaître comme la seule opposante à la vision politique dominante, acquise à la mondialisation heureuse, à toujours plus d’Europe, bref à l’effacement programmé de la nation souveraine, de son enracinement identitaire et culturel : une telle unanimité va finir par éveiller l’esprit critique des Français et, si rien ne bouge, à faire du FN la seule force d’alternance véritable, le seul mouvement soucieux de cette « France périphérique », cette « France d’en-bas » délaissée par les politiques et qui souffre des évolutions actuelles (avec certes Jean-Luc Mélenchon si lui-même ne se rallie pas au système).

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