Sommaire
Actualité :
- – Libye : la guerre entre le général Haftar et Misrata a éclaté
- – Corne de l’Afrique : les conséquences de la guerre du Yemen
Dossier : Kasaï, la résurgence des réalités ethniques
- – Les Lulua, les Luba-Kasaï et les autres
- – Aux sources des actuels évènements
- – L’ethno-fédéralisme congolais
- – Le démembrement du Katanga et du Kasaï
Géopolitique :
Journée de la géopolitique de l’Afrique à l’île Maurice
Histoire :
« Les vampires » à la fin de la guerre d’Algérie
Editorial de Bernard Lugan
Dans les pays de l’hémisphère nord, la vie politique repose sur des convictions communes et sur des programmes politiques transcendant les différences culturelles, sociales ou régionales. L’addition des suffrages individuels y fonde la légitimité politique.
Dans les Afriques où les sociétés sont communautaires, hiérarchisées et solidaires, l’ordre social et politique ne repose pas sur les individus, mais sur les groupes. Voilà pourquoi le principe démocratique du « one man, one vote » y conduit à l’impasse et au chaos.
La question de la redéfinition de l’Etat, donc de la place des ethnies dans la société, constitue le principal problème politique et institutionnel que l’Afrique doit résoudre. Mais, pour cela, il ne faut pas commencer par nier la réalité ethnique. Or, tout à son universalisme, l’africanisme français et plus largement francophone, a décidé de bannir le fait ethnique car jugé trop « identitaire ». Ses grands prêtres, à l’image de Jean-Pierre Chrétien, de Jean-Loup Amselle, de Catherine Coquery-Vidrovitch, d’Elikia M’Bokolo et de leurs disciples, vont même jusqu’à soutenir, certes avec des nuances, que les ethnies ont une origine coloniale. Une telle arrogance doctrinale sous-entend donc que les peuples africains ont reçu des colonisateurs jusqu’à leur nom et leur identité. Jean-Pierre Chrétien est tout à fait clair à ce sujet quand il ose écrire que : « L’ethnicité se réfère moins à des traditions locales qu’à des fantasmes plaqués par l’ethnographie occidentale sur le monde dit coutumier ». Or, comme l’a remarqué avec justesse Axel Eric Augé, un sociologue français d’origine gabonaise : « En somme, les Africains étaient une masse indifférenciée et attendaient les Européens pour ressentir des phénomènes identitaires ! ».
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