Directrice de recherches au CNRS au sein du centre de recherche sur les arts et le langage de l’EHESS, Nathalie Heinich est une sociologue de l’art. Inspirée en partie par la sociologie historique de Norbert Elias [1], elle travaille aussi sur les crises d’identité et la sociologie des valeurs : dans son dernier ouvrage, Des valeurs (Gallimard), elle étudie celles-ci en tant que représentations collectives.
Sur cette approche sociologique neutre, Nathalie Heinich a pu asseoir une critique objective des effets du lobbying des « nouvelles moeurs » : soulignant le danger de celui-ci pour la filiation, elle a cosigné en 1999 une pétition intitulée « Ne laissons pas la critique du PACS à la droite ». En 2013, elle a cosigné derechef avec 54 intellectuelles une tribune contre le mariage gay, la GPA et la PMA pour homosexuelles. En 2014, dans Le Débat, elle a pris part à un dossier sur Les enfants du mariage homosexuel, dans lequel elle écrivait :
<< Revendiquer la prise en compte d’une particularité individuelle, telle que la pratique sexuelle, dans l’allocation des droits civiques et civils constitue une perversion de l’idéal républicain […] Assimiler un désir à un droit […] relève d’un mode de fonctionnement psychique qui ne connaît d’autre modalité de transaction avec le réel que le fantasme infantile de toute-puissance opposé à une autorité forcément maléfique. >>
Cette analyse relevait du libre débat d’idées. Mais le débat d’idées n’est plus tellement libre dans le monde atlantique ! Nathalie Heinich doit recevoir cette semaine le prix Pétrarque de l’essai (décerné par France Culture et Le Monde) pour son livre Des valeurs ; et voilà qu’une pétition exige que le prix soit annulé : cela en raison, non du livre de 2017, mais de l’article de 2014 dans Le Débat… Article qualifié de « réactionnaire et homophobe » par la pétition [2], elle-même née d’une dénonciation sur le site LGBT Yagg.
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