En septembre 2017 est entré en vigueur un nouveau traité conclu entre le Canada et l’Union européenne, dont les peuples d’Europe ne connaissent que le nom: CETA, pour Comprehensive Economic and Trade Agreement. L’AECG (Accord Economique et Commercial Global), puisque tel devrait être son nom en français, pose un redoutable défi aux démocraties du «Vieux continent». Il est en effet devenu l’incarnation d’une machine économique qui échappe à ses concepteurs, c’est-à-dire les nations, au profit d’une logique entièrement mercantile.
La manière dont le traité est entré en vigueur est en soi extrêmement critiquable. Aucun parlement national n’a été en mesure de débattre de ce traité, négocié par les exécutifs et la Commission européenne. Le Parlement européen a certes été consulté et a approuvé par 408 voix contre 254 le texte, mais il ne peut prétendre incarner la volonté des peuples, car il n’y a pas, n’en déplaise au président de la République, de fantasmagorique «peuple européen». D’ailleurs, nous pouvons prendre l’exemple de la France: seuls 16 des 74 eurodéputés français ont voté pour. En d’autres termes, 78 % de «Non» qui ont été balayés par les autres pays. Ce sont des pays comme la Croatie, la Roumanie, la Slovaquie, l’Estonie ou le Luxembourg – dont les représentants ont le plus massivement voté pour – qui ont fait passer ce texte. La politique économique française peut-elle accepter ceci, sur des sujets vitaux?
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