Les récents articles d’Askolovitch dans Le Nouveau Magazine littéraire et Le Point sont emblématiques de la réception de Maurras depuis une trentaine d’années : tout le monde en parle, personne ne le lit (en dehors d’un nombre tout de même important de jeunes militants politiques et, bien sûr, du public vraiment cultivé) et il est le plus souvent réduit à quelques polémiques ad hominem et à un antisémitisme pourtant tout à fait accessoire pour comprendre sa pensée. J’ai moi-même écrit un petit livre de synthèse sur son vocabulaire politique (Petit dictionnaire maurrassien, Éditions Nouvelle Marge, 2017) sans qu’il me paraisse nécessaire de consacrer plus d’une seule page sur 98 à cette question.
Le Président Macron a, quant à lui, fait tout récemment référence, regrettant le retrait de Maurras du Livre des commémorations 2018, à l’influence du maître de l’Action française sur certains de ses prédécesseurs. Prenons ce fait comme exemple d’une réception intelligente, à l’opposé de celle d’Askolovitch : incontestablement, la dimension monarchique donnée par le général de Gaulle à la Constitution de 1958 doit beaucoup à la critique maurrassienne, qu’il connaissait et partageait, des faiblesses de la IIIe République ; Georges Pompidou, quant à lui, n’avait pas hésité à donner Kiel et Tanger (du même Maurras) comme modèle d’analyse géopolitique aux étudiants de Sciences Po ; enfin, Mitterrand, qui expliquait à Pierre Péan, à la fin de sa vie, combien il avait été marqué par sa lecture de Maurras, s’est certainement souvenu de ce précurseur de l’idée de décentralisation en France au moment de mettre en œuvre ses propres réformes dans ce domaine.
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