Les termes « écologie » et « économie », significativement formés l’un et l’autre à partir d’oikos, « la maison », ont en commun de se distinguer du terme « politique », formé à partir de polis, « la cité ». Les traditions dont nous sommes issus, qu’il s’agisse de la conception de l’État (fort mais limité) des Capétiens ou de la critique contre-révolutionnaire des idéologies modernes (qui font volontiers sortir la politique de sa sphère), nous ont longtemps tenu à distance de ces thèmes.
Mais cette distance n’est plus de mise aujourd’hui dans un monde où la puissance économique détermine largement la souveraineté politique et où le prétendu Progrès (majusculaire, à distinguer des progrès particuliers, qui sont indéniables) crée les conditions de la destruction de l’animal social lui-même, en s’attaquant à son milieu naturel ainsi qu’à son être même.
La pollution de l’air dans toutes les grandes villes du monde, la nourriture industrielle et ses effets délétères sur la santé, la fertilité notamment, le risque de voir disparaître de nombreuses espèces animales jouant un rôle crucial dans l’équilibre environnemental (les abeilles par exemple), la déforestation, l’accumulation des déchets produits par l’activité humaine, qui transforme tant d’espaces terrestres ou maritimes en gigantesques poubelles… Tous ces phénomènes menacent l’oikos de l’homme, c’est-à-dire l’eau, l’air et la terre, indispensables à son existence. Dans le même temps, une science sans conscience, mise au service de puissants groupes d’intérêt et de lobbies, tend à détruire la nature humaine elle-même en prétendant affranchir l’homme de toutes les limitations qui le définissent, de la naissance à la mort.
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