Toute violence est déplorable. Mais déplorables aussi sont les causes de la violence ! L’intervention de casseurs de tout poil, et la “radicalisation” de gilets-jaunes, sont inévitables puisque la vague de manifestations perdure. Et elle perdure parce que la rage des manifestants vient de loin ; que leurs griefs sont multiples ; et que la Macronie leur répète qu’il n’y a rien à négocier. Ce qui équivaut à dire qu’il n’y a pas d’issue… Ce matin à la radio un LRM prend des airs offusqués : “Les gilets-jaunes sont incapables de négocier !” Quoi : ces losers refusent de venir à une non-négociation, ils disent qu’on ne les écoute pas ? ils restent fâchés au point de se donner ENCORE rendez-vous à Paris, pour des manifestations donnant fatalement lieu à plus de violences ? Tout ça paraît méprisable aux supporters éclairés de M. Macron : “produits finis” de la “théologie du management” et du dogme “néolibéral” [*], ces gens considèrent que l’humain digne de ce nom commence au diplômé d’HEC ou de l’Essec ; un peu comme le chancelier Metternich considérait que “l’homme commence au baron”.
Mais Metternich avait plus de lucidité que les jeunes arrogants de la Macronie. Il disait : “Le plus grand don de n’importe quel homme d’État n’est pas de savoir quelles concessions faire, mais de reconnaître quand les faire.” L’Elysée avait entre les mains le moyen d’une concession apaisante, puisque M. Macron – le 27 novembre – avait évoqué un délai de “trois mois” pour élaborer des méthodes d’accompagnement : il aurait suffi de dire que cela impliquait un moratoire du prix des carburants… Cette manœuvre retardatrice aurait donné aux gilets-jaunes le temps de désigner de vrais délégués et de mettre au point des doléances concrètes… Mais non ! La Macronie ne discute pas ! Mue par la Main Invisible, elle a été placée là pour libérer les winners du vieux boulet de la solidarité avec les losers. Elle le fait sentir. Et les Français qui le sentent, se sentent par là méprisés. Et ça a donné le jour de fureur du 1er décembre.
La suite