Le camp de réfugiés d’Ersal au Liban. Reuters
Depuis le début de la guerre au Proche-Orient, la question des réfugiés syriens est un baril de poudre qui menace le fragile équilibre communautaire du Liban. De 2012 à 2013, plus de 500 000 Syriens ont fui la guerre et trouvé refuge dans ce pays frontalier, étroitement lié à la Syrie. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies, ils seraient aujourd’hui plus d’1,5 million, dont 500 000 jeunes entre 3 et 14 ans. Ce qui fait du Liban (4,1 millions de Libanais résidant dans le pays) le pays avec le plus fort taux de réfugiés au monde – puisqu’un habitant sur quatre y a le statut de réfugié! Cette question constitue donc à la fois un enjeu politique majeur et un drame humanitaire sans précédent. La situation perturbe de nombreux Libanais – du petit commerçant aux élites, en passant par les politiques et les humanitaires.
À tort ou à raison, l’image réveille dans l’opinion publique le fantôme des réfugiés palestiniens qui, en 1948 et 1967, sont arrivés en masse – une des causes principales de la guerre civile qui a déchiré le pays du Cèdre entre 1975 et 1990. De la Bekaa au Akkar, ce sont les périphéries du pays qui connaissent les situations les plus sensibles. Dans les villages chrétiens frontaliers où nous travaillons – tels Al Qaa, Ras Baalbeck, Laboueh, Jdaideh, Jabboule – les habitants déplorent l’arrivée massive de ces réfugiés sunnites qui pèsent dangereusement sur les fragiles équilibres nés à la fin de la guerre. D’autant qu’en huit ans, ces musulmans sont devenus majoritaires sur place. «Le nombre exorbitant des réfugiés fait naître le danger d’un déséquilibre démographique», s’inquiète le cardinal Bechara Boutros Raï, patriarche maronite.
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