Comme chaque année depuis 1953 se tenait du 18 au 25 Aout 2019 le Camp Maxime Real Del Sarte (CMRDS), le seul camp de formation politique qui est capable de réunir au cœur de l’été plus de deux cent cinquante personnes sur une semaine. Une longévité et une affluence qui obligent les organisateurs à trouver sans cesse des conférenciers capables d’élever l’auditoire, sans pour autant les perdre dans le jargon ou les concepts obscurs.
Une semaine de formation dont les journées s’organisaient de la façon suivante : trois conférences magistrales de quarante-cinq minutes chacune le matin, puis dans l’après-midi, deux cercles de niveau de quarante-cinq minutes chacun et pour finir avec la formation des ateliers pratiques d’une durée d’une heure. La semaine commence avec l’arrivée de l’intendance le dimanche après-midi pour la mise en place du camp, puis ce sont les campeurs qui de 15H à tard dans la nuit s’installent au fil.
Lundi matin, à 7h30 la trompe sonne le réveil, après le rassemblement et le petit-déjeuner vient le questionnaire qui permet à l’équipe des études de répartir les campeurs en fonction de la connaissance de l’actualité nationale et internationale, mais aussi (et surtout) de la doctrine maurrassienne. A la suite de ce test les participants sont divisés en deux groupes de niveau, le niveau 1 pour les débutants et sympathisants, et le niveau 2 pour les militants pouvant se former à des questions plus vastes.
A neuf heures commence la première conférence de la semaine, par Antoine de Crémiers qui donne les leçons à retenir de la révolte des Gilets Jaunes ce mouvement qui était profondément une contestation politique « la république après avoir tué le Roi, choisit d’éborgner le peuple. » Il est suivi par François Bel-Ker, Secrétaire-Général de l’AF sur le sujet de l’immigration qui a plusieurs faces : le problème légal, celui du Grand Remplacement, et celui du coût réel de l’immigration pour la France. La dernière conférence de la journée est donnée par Sylvain Roussillon, responsable lycéen et étudiant de l’AF entre 1988 et 1991, il décrit comment par différents moyens les deux entités séparées, lycéens et étudiants, furent dynamisées et donne des pistes pour continuer cette œuvre.
Mardi matin Pierre Van Ommeslaeghe nous parle de l’école, le niveau est en train de chuter de manière vertigineuse en mathématiques, en français, en orthographe, en langues étrangères… Sans aucune réaction. Puis Pascal Cauchy, professeur à Sciences-Po, explique l’origine de nos élites politico économiques, prenant leurs racines dans les écoles spéciales créées par Louis XV et qui au fil du temps ont créé une consanguinité dans les hautes couches de l’Etat. Lui succède Jean-Claude Martinez, professeur d’économie, sur le problème fiscal. Pour lui il faut établir des règles internationales de taxation sur les bénéfices de ces entreprises qui dépassent les nations. « Si les GAFAM sont des souris, les administrations fiscales sont des chats qui ne mordent pas de la même façon. Il convient d’harmoniser la morsure sur ces souris-là. »
Mercredi matin, Pierre de Meuse lance la journée avec une conférence sur l’antiracisme, une doctrine politique qui cache les plus souvent un racisme antiblanc ainsi qu’une détestation de l’histoire Française et européenne. Il est suivi de Grégoire Dubost sur l’obsolescence programmée. Si le sujet est de plus en plus actuel dans la société, il s’agit pour les français d’un sujet économique : la nécessité est de faire gagner de l’argent aux consommateurs et de la durée de vie aux produits vendus. François Bel-Ker conclut cette matinée de conférences en présentant un état des lieux de L’Action Française : finances, nombre d’adhérents, de sections, de participants au camp, projets pour les années à venir.
Jeudi se déroule une journée résolument tournée vers l’extérieur de la France. Elle commence par une conférence de François Marcilhac, directeur politique de l’Action française et directeur éditorial du Bien Commun, qui dresse un paysage de l’Union Européenne : « C’est un syndicat d’intérêts, dans le sens où elle ne défend que les siens et pas ceux des Peuples… » Bernard Lugan, africaniste, prend le relais sur l’actualité africaine, avec l’instabilité des pouvoirs locaux, les guerres ethniques, la disparition de la France en Afrique en tant que puissance militaire et diplomatique, l’absence de pragmatisme dans la diplomatie, soumise aux droits-de-l’hommisme. La matinée se termine avec une intervention de Fabrice Hadjadj, philosophe, sur la question du transhumanisme. Notre époque est minée par plusieurs états d’esprit – post humanisme, athéisme, utopies technologiques – qui font le lit des transhumanisme.
Vendredi, dernier jour du Camp avant l’Université d’été, Michel Mafessoli commence la journée en traitant de « L’Ere des tribus » en Europe : le commun est sacrifié sur l’autel de l’individualisme, les tribus reviennent, l’homme se détourne de la vie en commun pour lui préférer la vie en communautés. Puis c’est au tour de David L’Epée, journaliste au magazine Eléments, d’apporter la réponse à cette question : la gauche (re)devient-elle raciste ? Avec les revendications indigénistes et l’injonction à la repentance des anciens colonisateurs, la gauche troque le social contre le racial pour cacher ses échecs depuis plus de cinquante ans. Laurent Izard conclut cette matinée en reprenant le thème de son livre : La France vendue à la découpe. Notre pays et ses industries sont vendus à l’étranger au nom des lois du marché. Dans la guerre économique que nous vivons, agir d’une telle manière est un suicide qui ne préoccupe guère nos élites mondialisées.
Bien évidemment après ces matinées denses à lieu le repas du midi – toujours plus calme que celui du soir – après lequel ont lieu les cerces d’étude qui permettent la discussion avec les conférenciers, sur la doctrine maurrassienne et d’autres sujets proches pour le niveau 1 (l’empirisme organisateur, le compromis nationaliste, la politique naturelle, le populisme, la démocratie…), sur des sujets plus vastes mais toujours éclairés par la doctrine maurrassienne pour les cercles de niveau 2 (la question écologique, la politique naturelle au XXIe siècle, la contre-révolution, la situation de la justice, le transhumanisme…).
Ces cercles de niveau sont suivis par les ateliers de formation technique pour mettre ses compétences au service du mouvement – ou en acquérir de nouvelles – sur des sujets divers allant de la campagne écologique jusqu’au graphisme en passant entre autres par le media training ou la communication sur les réseaux sociaux.
Le Camp ne serait pas entier si l’on ne mentionnait pas bien évidemment la séance quotidienne de sport d’une durée d’une heure qui commence par un « décrassage » commun d’une vingtaine de minutes suivi des sports variés, football, rugby, boxe, ou entrainement au service d’ordre, suivie par une douche bienfaitrice avant de pouvoir se détendre autour du bar, d’une partie de pétanque ou plus simplement dans les fauteuils en profitant de la brise. Puis avant le repas se tiennent les comptes rendus des sections et fédérations sur l’année écoulée. Et bien évidemment ensuite vient le dîner, animé par les chants lancés de part et d’autre des tablées.
Le samedi a lieu l’Université d’été de l’Action Française, qui permet aux sympathisants et aux personnes extérieures au mouvement d’écouter différents intervenants, des tables rondes sur les sujets d’actualité nationale et internationale et de découvrir l’école de pensée de l’AF. Elle commence par la table ronde sur l’activité des sections des Jeunes Professionnels d’AF au cours de l’année en répondant à diverses questions : combien de militants appartiennent à ces sections, quel est leur but, comment milite-t-on quand on est engagé dans la vie active… Puis c’est Gérard Leclerc, éditorialiste à France Catholique et ancien militant d’AF, qui présente les legs et les perspectives de notre mouvement, un legs qui dépasse celui de Maurras, car ni notre histoire ni notre doctrine ne prennent fin en 1952. L’après-midi commence justement le thème de l’écologie, avec une table ronde entre quelques militants et cadres ayant participé à l’élaboration de la campagne nationale de l’année qui vient sur ce sujet : il apparaît comme nécessaire d’apporter une écologie politique, loin de l’écologie apocalyptique de Greta Tunberg. La dernière table ronde est dirigée par Charles du Geai et voit intervenir François Marcilhac, Gérard Leclerc et Stéphane Blanchonnet sur des sujets divers comme le transhumanisme ou Union Européenne par exemple. La journée se poursuit avec le traditionnel banquet d’Action française, fort d’une belle affluence, suivi par une soirée qui durera jusqu’au petit matin.
L’année 2018 fut inattendue par le sursaut des français face au pouvoir macronien, les militants d’AF qui sont descendus dans la rue avec les Gilets Jaunes se sont rangés – comme depuis maintenant 120 ans – aux côtés du pays réel. L’année qui se présente contient peut-être les germes d’une révolte des français au travers des élections municipales et aussi des différentes réformes sur les sujets bioéthiques. Qui sait, peut-être verrons-nous une union de cette France qui se bat pour ses enfants et de celle qui se bat pour ses fins de mois.