Par Olivier Perceval
Le parquet a requis trois mois de prison avec sursis contre Jean-Luc Mélenchon pour les incidents ayant émaillé la perquisition d’octobre 2018 au siège de LFI, estimant devant le tribunal de Bobigny que le leader insoumis a mené «un acte de résistance violente avec usage de la force».
Mélenchon a commenté :
« Il ne faut pas oublier les raisons de cette perquisition. Il s’agit d’abord de la dénonciation sans preuve de l’ex eurodéputée d’extrême droite Sophie Montel.
Macron a dit : “Le parquet doit continuer à mes yeux à être intégré dans une chaîne hiérarchique qui dépend au final du pouvoir exécutif”. Alors oui, la perquisition à LFI peut être considérée comme politique et injuste par ceux qui la subissent »
L’AF avait déjà fait part de son analyse au moment de la perquisition et nous ne changeons pas notre position.
L’affaire était juste avant les européennes, et le procès tombe avant les municipales. C’est vraiment pas de chance.
L’affaire pourrait être amusante ou scandaleuse au dépend du colérique sénateur président de la France Insoumise, si elle ne cachait pas une machine efficace de répression par une sournoise judiciarisation de la politique de notre pays à l’instigation du pouvoir en place. On sait comment Mélenchon avait , sans scrupule aucun et avec un zèle gourmand, rejoint la meute des faiseurs d’opinion, au moment de l’exécution politique de Fillion et de la même tentative contre Marine Le Pen.
Aujourd’hui , c’est lui qui fait les frais de ce traitement réservé à tous ceux qui portent une voix discordante, rebaptisée populiste, alimentant la colère des français contre le libéralisme sauvage de l’Élysée.
Les sondages mettent en effet aujourd’hui au plus bas la popularité de Macron en dépit de la multiplication des « selfis » et autres tentatives de communication « pipole ».
Les bénéficiaires de ce désenchantement du peuple de Jupiter en sont surtout, ce que les journalistes appellent en se pinçant le nez, les extrêmes. C’est à dire le Rassemblement National et la France Insoumise.
Les circonstances nécessitent , juste avant la campagne des Européennes , et aujourd’hui de dégainer un article de loi, assez flou pour en permettre l’application brutale et sans contrôle car il y a toujours des juges et des procureurs désireux , soit de régler des comptes idéologiques, soit de faire carrière , où les deux.
Les médias indignés accompagneront la procédure, pour la rendre légitime aux yeux du grand public et connaissant le caractère ombrageux du personnage ciblé , c’était chose gagnée d’avance.
Il n’empêche que, quoi qu’on pense du bonhomme, dont on connaît par ailleurs l’intransigeance sectaire, la vraie violence la plus implacable vient sans aucun doute du gouvernement et d’une partie non négligeable de la haute administration. C’est la même violence qui s’est exercée contre la manif pour tous en 2013, laquelle, sans la moindre vitrine brisée, ni le moindre véhicule brûlé, fit peur au pouvoir de l’époque pas si différent de celui d’aujourd’hui , comme un raz de marée, un tsunami : Ordre fut donné de taper dans le tas et d’arrêter et mettre en examen, un grand nombre de ces contestataires pacifiques, au point que la commission des droits de l’homme à Bruxelles s’en est émue (dans le plus grand silence de la presse hexagonale).
Les médias, imbéciles ou serviles, ressassent scandalisés, le respect de l’Etat de droit.
Mais quelle loi autorise d’interdire l’accès des locaux d’un parti parlementaire à son président député de surcroît en saisissant les fichiers des adhérents ?
Ils veulent la peau de Mélenchon avant le scrutin européen, car la montée de l’euroscepticisme est annoncée. La « lèpre » populiste et nationaliste justifie aux yeux des indignés à géométrie variable tous les coups, et ils ne se priveront pas d’en donner.
Ne tombons pas dans le piège, on n’est pas obliger d’aimer Mélenchon et ses séides, mais la machine mise en œuvre par le pouvoir et l’oligarchie financière qui le dirige réellement, vise toute opposition sérieuse, c’est à dire ; qui ne se situe pas dans les différentes variantes du libéralisme apatride.
Après que chacun se soit livré à la « minute de la haine » face au visage grimaçant de Mélenchon, il convient de revenir à un regard critique sur le contexte politique environnant.
Le vrai scandale est là et pas dans la réaction tonitruante du patron de la France Insoumise dont se repaissent les médias drapés dans leur dignité virginale.
L’esprit partisan souvent, l’emporte sur l’analyse politique et la lucidité aveuglée par le concert assourdissant du poulailler médiatique.
La judiciarisation progressive depuis plusieurs années dans le paysage politique français devient une arme de destruction massive annonçant le totalitarisme rampant du pouvoir.
Ne nous laissons pas enfumer.