De Jacques de Guillebon
Vous avez annoncé vouloir monter une nouvelle initiative pour défendre la liberté scolaire. En quoi celle-ci est-elle attaquée aujourd’hui ?
La liberté d’enseignement fait partie du bloc constitutionnel depuis 1977. C’est heureux, mais sa déclinaison pratique laisse à désirer. Quand des parents n’ont pas de moyens financiers suffisants, ils ne peuvent pas choisir l’école de leurs enfants. La liberté d’enseignement, c’est donc pour les autres.
La liberté d’enseignement pour les professeurs ne se porte pas tellement mieux. Quand on est professeur à l’école publique ou sous contrat, on ne peut pas toujours choisir les textes qu’on fait étudier. On doit se battre avec l’administration qui complique plus qu’elle n’aide les professeurs dans l’exercice de leurs responsabilités éducatives, notamment en matière d’autorité. Que reste-t-il de la liberté professionnelle de l’enseignant, s’il reçoit constamment des circulaires de la rue de Grenelle qui prétendent faire de lui un exécutant? S’il doit faire passer d’une classe sur l’autre des enfants qui n’ont pas le niveau? S’il ne peut pas insister sur les connaissances fondamentales parce qu’il faut aborder un nombre toujours plus important de sujets à la mode? La perte d’attractivité du métier de professeur découle plus encore de la réduction des libertés professionnelles que de sa rémunération pourtant manifestement insuffisante. Il ne faut pas s’étonner de la désertion des meilleurs, dans un tel contexte.
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