Par Charles Saint-Prot, Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques
Annoncée naguère par François Hollande, la fermeture de la centrale de la centrale nucléaire civile de Fessenheim est intervenue par décision gouvernementale, en février 2020pour la tranche 1, et dans quelques mois (en juin) pour la tranche 2. Mise en service en 1977, c’est la première centrale nucléaire sur le sol français dans la cadre d’un programme d’énergie nucléaire qui a permis à notre pays d’atteindre plus de 75% de nos besoins nationaux (71% aujourd’hui).
En effet, grâce au général de Gaulle – qui créa le Commissariat à l’énergie atomique dès 1945- et à une politique volontariste renforcée par le « choc pétrolier » des années 1970, l’atome est devenu le pilier de la politique énergétique française. C’est cette politique gaullienne qui est de nouveau mise à mal par un régime qui ne soucie pas de la souveraineté nationale et n’a d’autre ambition que complaire à certaines de nos voisins européens (lesquelsne maitrisent pas cette ressources énergétique), à commencer par l’arrogante Allemagne. Seuls les militants gaucho-écologistes, les habituels gogos et les thuriféraires patentés du régime Macron peuvent se féliciter de cette mesure qui va de paire avec le démantèlement du statut d’EDF, passée d’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) à société anonyme, et l’ouverture du marché de l’électricité à la sacro-sainte concurrence chère à la commission de Bruxelles. C’est à vrai dire un mauvais coup porté à l’emploi, à la filière nucléaire et aux intérêts vitaux de la France
De fait, il n’y a pas, actuellement, de substitution possible et seuls d’indécrottables rêveurs peuvent parler d’une prétendue « transition énergétique », imaginée dès 2012, qui n’est qu’un slogan puisque les seuls moyens de substitution sérieux sont le pétrole, le gaz et le charbon. L’éolien est très aléatoire et instable tandis que le photovoltaïque n’est valable que pour les pays à fort ensoleillement, comme le Maroc. La France risque ainsi de s’enfoncer dans l’inconnu avec une politique qui, selon le quotidien Libération, marque le passage « de l’atome à l’atone ».
Mais qu’importe l’intérêt français puisque l’Allemagne se réjouit. C’est sans doute le même raisonnement qui conduit à vouloir faire de la force nucléaire française (la seule qui existe dans l’union européenne depuis le retrait britannique) une force européenne, c’est-à-dire allemande. En attendant sans doute de céder notre siège de membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU. C’est précisément cela qu’on appelle le renoncement.