Par François Renié
Le Parlement commence à débattre aujourd’hui même de la loi sur l’état d’urgence.
Il est normal que l’État dispose de moyens exceptionnels pour agir, pour peu qu’il en ait la volonté. Il n’y a là aucun sujet à discussion.
En revanche, avant d’approuver ce texte, nos parlementaires seraient fondés à demander au pouvoir d’éclaircir sa ligne sur quelques points :
– pourquoi l’Allemagne annonce-t-elle aujourd’hui une vaste campagne de dépistage de sa population, procède-t-elle à 15000 et bientôt 30000 tests par jour, alors que, chez nous, le gouvernement continue de dire que ces tests sont inutiles ? Serait-ce parce que nous ne sommes pas en situation de les produire en nombre suffisant ?
– pourquoi les frontières internes à la zone Schengen restent-elles ouvertes ? Alors que des pays européens et non des moindres – Pologne, république Tchèque, Danemark… – ont fermé les leurs. Et que les contrôles très stricts exercés par l’Allemagne à nos frontières s’apparentent clairement à une fermeture déguisée. Combien de temps resterons-nous les « lou ravi » de l’Europe ?
– pourquoi annoncer un jour des mesures de confinement drastiques et inciter le lendemain les salariés à travailler, sans réel contrôle de l’Étatsur leurs conditions de travail ? Le droit de retrait, légitimement exercé par des salariés inquiets, ne va-t-il pas nous conduire tout droit à la pagaille ?
– où en est la distribution de masques et de produits désinfectants aux professionnels et plus largement à la population ? Sommes-nous en situation de les produire ?
– où en sont les renforts en personnel d’accompagnement et en moyens promis aux hôpitaux ? Et l’extension du nombre de lits réservés aux cas graves, y compris dans le secteur privé. L’Allemagne annonce disposer de 20000 lits et elle va accroitre rapidement ce chiffre dont nous sommes très loin.
Puisque le Parlement et les partis politiques se sont particulièrement distingués dans l’épisode du 1er tour des municipales, qu’ils essayent de se faire pardonner en obtenant des réponses claires à ces questions cruciales.