Par James Deauville
Avertissement
Notre ami, James Deauville, vient apporter une position très technique et semble-t-il divergente à notre ligne éditoriale sur la posture du Docteur Raoult, position divergente que nous accueillons volontiers, étant donné que, fidèles à la tradition d’Action française nous acceptons avec plaisir le débat d’opinion, mais il est préférable néanmoins de préciser quelle est la nature de notre observation.
Nous ne nous positionnons pas pour ou contre la chloroquine, notre combat est politique et non médical. La seule chose qui nous préoccupe, est, que, du fait de l’immobilisme inspiré par la technostructure médicale, les responsables politiques demeurent paralysés, de peur d’assumer des responsabilités qui les dépassent. Ce que nous déplorons, c’est l’interdiction faite aux médecins de ville de traiter les patients. Ce qui nous exaspère c’est l’hystérie collective des élites qui tentent de faire l’opinion dans ce pays, comme l’illustre ce florilège non exhaustif et qui montre pour le moins que ces gens ne pratiquent pas « l’art du doute » :
« Qu’il ferme sa gueule, il y en a marre de ce genre de mecs ! » (Daniel Cohn-Bendit sur LCI)
« Est-ce que, psychologiquement, le Pr Raoult n’est pas un fou furieux ? » (Maurice Szafran, éditorialiste à Challenges. Raoult ? C’est un vulgaire « youtuber » (Yaël Goosz, chef du service politique de France Inter), l’animateur d’un « barnum », un clown se donnant en spectacle dans un « cirque » (Olivier Duhamel, animateur d’une émission sur Europe 1).
Les partisans de son traitement ? Ce sont des « hydroxychlori-connards ». (Roselyne Bachelot, chroniqueuse sur France 5).
Sans oublier les étiquettes infamantes de « populiste » et « conspirationniste ». « Le professeur Didier Raoult est devenu une figure centrale des théories complotistes. » (Le Monde)
Ou encore de « sombre connard » (twitt de Robert Namias, directeur des rédactions du groupe Nice-Matin)
Après la récente publication dans la revue scientifique The lancet d’une étude concluant à l’inefficacité du traitement du professeur Raoult, le pompon du mépris médiatique revient sans doute à Raphaël Enthoven : « On a autant de chances de convaincre un partisan du Dr Raoult qu’un platiste » (L’Express, 25 mai 2020)
Tout cela parce qu’un médecin propose d’avancer dans la lutte contre l’épidémie, et qui localement au moins, obtient des résultats incontestables, parce qu’il teste, isole et traite. Cet appel au lynchage est trop énorme pour que l’on parle d’une simple controverse, il y a forcément d’autres enjeux, peut-être de nature idéologique et probablement des conflits d’intérêts juteux. Ce qui nous fascine, c’est la manière dont les français, en grande majorité, se tournent vers celui qui incarne une humanité palpable face à une organisation de la santé anomique, rendue inerte, laquelle, sous prétexte de science et de professionnalisme médical est gavée de règlements et de protocoles dûment attestés et enregistrés, rendant impossible dans une ambiance perverse d’autoritarisme et de culture de la peur, toute prise en charge véritable et rapide.
Le débat médical est animé par des spécialistes qui argumentent chacun avec talent d’un côté comme de l’autre, et j’avoue être incapable de trancher, mais devant le désastre des mesures prises par des décideurs satisfaits, si je devais boire un verre avec l’un d’eux, je préférerais instinctivement passer un moment accoudé au zinc avec Raoult plutôt qu’avec Salomon.
Olivier Perceval
Bonjour à tous,
Petit article en réaction à la publication de Julien Rémy sur ce site à propos de l’hydroxychloroquine, qui m’offre ce droit de réponse, je l’en remercie grandement.
Préambule
Je me définis comme zététicien, c’est-à-dire que je pratique l’art du doute, un doute construit, qui n’invite pas à la peur mais au contraire à la recherche du bien commun, sur des bases rigoureuses. La zététique, c’est un peu l’empirisme organisateur de Maurras, pour marcher droit, il faut penser clair.
A ce titre je ne vais pas me présenter plus que ça. S’il faut des figures paternelles et arbitraires en politique, parce qu’elles ont fait leurs preuves, l’argument d’autorité ne doit pas nous empêcher de chercher la vérité dans les faits. Un Nobel peut être victime de son succès et défendre des thèses délirantes (petite pensée pour notre champion national Pr. Montagnier), un parfait inconnu peut avoir raison tant que sa démarche est rigoureuse, ses expériences reproductibles, ses résultats significatifs.
La science trouve sa vérité dans l’humilité : parfois, il faut continuer de chercher avant de crier victoire. Parfois, même les plus grands se trompent. Parfois, on choisit de ne voir que les faux arguments qui nous confortent dans nos croyances.
Alors que nous vivons à une époque où le doute n’est plus constructif mais mène à la discorde, reprenons nos esprits. Les médecins qui nous soignent sont docteurs en médecine, ils ont réalisé pendant leurs études une thèse, un travail de recherche, qui a été relu, corrigé, et validé par un jury. La recherche fait partie intégrante de l’apprentissage médical, et alors que la recherche se complexifie parce que nos compétences s’améliorent, il faut continuer sur cette voie et donner à nos futurs médecins la capacité de comprendre cette recherche et de juger de sa pertinence.
Trêve de logorrhée, les faits.
L’hydroxychloroquine et la méthode scientifique
L’hydroxychloroquine (HCQ) est un médicament bien connu : utilisé pour tuer le parasite responsable de la malaria, il est également utilisé depuis des années pour les maladies rhumatismales chroniques en raison de ses propriétés immunomodulatrices qui pourraient être intéressantes pour le COVID-19. En outre, l’HCQ présente une activité in vitro sur le SARS-CoV-2 à deux niveaux :
-Elle est capable d’empêcher le virus de se multiplier, et ce à des doses plus faibles que la chloroquine dont elle est un dérivé
-Elle empêche la pénétration du virus au sein de la cellule.
Rajoutons à cela que son profil de sécurité est bien connu puisque la molécule est présente depuis des décennies dans notre pharmacopée et que son coût est faible, un argument important dans un cas de pandémie, gérée comme une guerre.
Dit comme ça, l’HCQ semble miraculeuse. Mais si des effets antiviraux ont été montrés in vitro depuis les années 60 pour la chloroquine, aucune infection virale n’a été traitée avec succès chez les êtres humains par cette molécule. Par ailleurs, on ne connait que très mal le virus sars-CoV2 et la maladie qu’il entraîne. A ce titre, les effets immunitaires de l’HCQ sont imprévisibles et on ne peut exclure qu’ils pourraient aggraver l’état de patients malades, comme cela avait été le cas lorsqu’on avait essayé de s’en servir contre le Chikungunya. C’est la raison pour laquelle des études cliniques se doivent d’être réalisées : une hypothèse, aussi bonne soit-elle, ne doit pas dépasser le stade de conjecture sans avoir été passé au crible de la « méthode scientifique ».
Le Pr. Raoult s’est défendu durant la crise sanitaire de cette approche systématique et stéréotypée de la recherche, il pense pouvoir faire mieux, plus vite et pour moins cher. Mais n’oublions pas que la qualité de la recherche scientifique contemporaine découle de cette méthode, qui a fait ses preuves et qui s’est imposé et s’est amélioré par un empirisme au cœur de notre démarche politique.
Pourquoi les études du Pr. Raoult posent problème
Je n’ai malheureusement pas le temps de détailler ici le procédé exact des études du Pr. Raoult, je vous invite si vous le pouvez à consulter ses travaux. Il est toujours intéressant de se pencher dans des études scientifiques (des outils comme Sci-Hub permettent d’outrepasser le lobby de l’édition), même si la lecture n’est pas toujours tout à fait digeste.
Au demeurant, je vais essayer d’expliquer brièvement en quoi les 2 études de Didier Raoult, bien qu’intéressantes dans l’idée, ne permettent pas de conclure sur une utilisation de la chloroquine :
Le but d’un essai clinique est d’essayer de réduire au maximum le rôle des facteurs environnementaux et d’éviter le plus de biais possibles pour pouvoir tirer des conclusions. Dans cet objectif, il est essentiel d’utiliser un groupe contrôle (ou témoin) rigoureusement établi, qui permettent de réaliser des comparaisons, surtout dans le cas d’une maladie virale dont les patients guérissent généralement sans traitement. Mais le groupe témoin seul ne suffit pas, pour pouvoir discriminer les résultats observés, il est nécessaire de randomiser les échantillons :
Des différences de résultat entre un groupe A de jeunes militants royalistes en pleine santé et un groupe B d’antifascistes présentant de nombreuses comorbidités ne pourraient être expliqués uniquement par la prise d’un traitement. En randomisant les groupes, on fait disparaître statistiquement les variables externes influant sur l’évolution de la maladie.
Dans les 2 études du Pr. Raoult, la première n’est pas randomisée (son groupe témoin n’est donc pas recevable), la deuxième n’a pas de groupe témoin du tout.
Quand on réalise une étude, il faut choisir un moyen de discriminer un résultat positif d’un résultat négatif : c’est ce que l’on appelle le choix d’outcome. Dans son étude, l’équipe Marseillaise a choisi comme outcome l’état du test PCR d’un patient à un temps donné (c’est-à-dire un test qui permet de dire s’il y a suffisamment d’ARN viral dans son organisme pour le considérer malade). Mais cela n’est pas intéressant, un patient malade J7 peut retomber malade en J8 (comme cela est arrivé pour un patient de l’étude). Dans ce genre d’étude on préfère choisir des outcome plus objectifs, comme son état clinique ou ses scanners pulmonaires. Notons aussi que transformer une charge virale en un résultat « malade/pas malade » fait perdre une objectivité numérique à l’étude.
Pour bien comprendre cela, signalons simplement que le patient décédé dans la 1ère étude avait une PCR négative la veille de son décès. Difficile de considérer cela comme une guérison. Mais il y a plus interpellant : les auteurs avaient initialement prévu que l’outcome primaire soit le pourcentage de PCR négatives à J1, J4, J7 et J14 et ils ont changé d’avis en cours d’étude sans aucune explication. Les résultats étaient-ils moins bons à J7 qu’à J6 ? On ne le saura jamais. Cette pratique, appelée « outcome switching » (qu’on pourrait traduire par déplacement des buts) est un énorme problème d’éthique de recherche et de fiabilité des données.
La 1ère étude devait initialement évaluer si la mortalité était inférieure dans le groupe traitement par rapport au groupe contrôle. Il n’y a (mal)heureusement eu qu’un décès au cours de l’étude et celui-ci a eu lieu dans le groupe traitement. Les auteurs ont donc choisi d’exclure le patient et n’ont plus jamais reparlé de cet outcome qu’ils avaient prévu d’évaluer avant le début de l’étude. La conclusion n’aurait définitivement pas été la même : « 100% des décès ont eu lieu dans le groupe ayant reçu le traitement », c’est plus honnête mais c’est moins vendeur.
Enfin, autre problème majeur, 5 des 16 patients contrôles n’ont pas été testés à J6 et les auteurs ont considéré qu’ils étaient encore positifs. Dans le même ordre d’esprit, 1 patient du groupe traitement n’a pas été testé à J5 et J6 et il a été considéré comme négatif. Autrement dit, lorsque les tests n’étaient pas réalisés, les auteurs ont extrapolé les résultats en considérant que les patients traités étaient guéris et que les patients non traités ne l’étaient pas. Des statisticiens ont refait l’analyse des données en excluant les patients qui n’avaient pas été testé, l’effet de l’hydroxychloroquine devient alors anecdotique.
La deuxième étude a simplement prouvé que les gens guérissaient de la maladie sans aucun traitement, ce qui est attendu puisque 92% de l’échantillon étudié présentait des formes légères. En effet, 90% des patients avec une forme modérée ont une PCR négative dans les 10 jours suivant l’apparition des symptômes simplement en attendant que le temps passe.
Quelle leçon tirer de cette affaire
Raoult est-il un menteur, un manipulateur ou un escroc ? Je n’en sais rien. Je le porte plutôt haut dans mon estime pour des raisons personnelles, mais ne tombons pas dans l’argument d’autorité ou dans le bon sentiment : ses études ne permettent pas de conclure sur un réel effet de l’HCQ dans le traitement ou la prévention du Covid-19, rien de plus, rien de moins.
De la même manière, aucune étude suffisamment pertinente ne permet de dire que le « protocole Raoult » est dangereux. Aussi, si la décision d’interdire aux médecins de prescrire est une honte pour la profession, une décision liberticide d’un système qui par manque d’autorité réelle se doit d’agir avec une force ridicule, il n’en reste pas moins que la prescription d’HCQ ne pourrait se faire sur la base d’une réflexion scientifique rigoureuse. Le sujet rappelle alors celui de l’homéopathie et du rôle des croyances en science, mais il faudra attendre un futur article.
Enfin, je termine sur une analogie de statisticien pour parer l’argument selon lequel les pays ayant utilisé l’hydroxichloroquine ont été plus épargnés (je me refuse habituellement aux analogies car ils font de mauvais arguments, mais je pense que celle-ci saura vous convaincre) : on fait une étude sur les maladies que développent des piétons quand ils restent plus de 5 minutes par semaine sur un trottoir défini par l’expérimentateur. On remarque de manière significative que les personnes qui restent statiques sur ce trottoir développent plus de cancer des poumons que les autres. Le trottoir est donc détruit et reconstruit dans un autre matériau. On a juste oublié de remarquer que sur ce trottoir se trouve un vendeur de tabac. En bref, les pays qui ont utilisé l’HCQ ont surement développé d’autres méthodes de prévention, et ce sont celles-ci qui ont joué dans les chiffres.
La bonne gestion de la crise aurait dû passer par la mise à disposition massive de masques FFP2-3 (c’est-à-dire de protection individuelle) plutôt que par un confinement archaïque puis distribution de masques empêchant uniquement de propager sa maladie. Mais cette mauvaise gestion n’est pas celle de la présidence Macron, c’est celle de la République, qui n’a jamais placé le bien commun au-dessus de ses intérêts personnels. Le nationalisme et le souverainisme auraient permis à notre nation de perpétuer nos stocks de matériel, et de relancer rapidement une production exceptionnelle en ces temps de crise. Le peuple en prend conscience, ce sursaut doit nous être favorable.
Pour que vive la France et qu’avec elle vive son peuple, Vive le Roi.