Par Frédéric de Natal
« Ce que vous me proposez, Messieurs, je ne puis, je ne dois pas y consentir. Croyez-moi, les épreuves que je viens de subir ont été si douloureuses, si horribles, que dans ce moment, la pensée de conserver cette couronne à l’empereur et à mon fils me touche très peu. Mon unique souci, la seule ambition est de remplir dans toute leur étendue, les devoirs qui me sont imposés. Si vous croyez, si le Corps Législatif croit que je suis un obstacle, que l’on prononce la déchéance, je ne me plaindrais pas. Je pourrais quitter mon poste avec honneur, je ne l’aurais pas déserté. Mais je suis convaincu que la seule conduite sensée, patriotique, pour les représentants du pays serait de se serrer autour de moi, de laisser de côté, quant à présent, toutes les questions intérieures et d’unir étroitement nos effort pour repousser l’invasion ».
Dans la matinée du 4 septembre 1870, l’impératrice des Français, Eugénie de Montijo, éconduit une délégation de parlementaire venue lui demander de remette son pouvoir à l’assemblée.
Contraint à l’exil en 1830, le comte de Chambord, Henri d’Artois, écrit le même jour au Kaiser Guillaume Ier dont les troupes ont défait à Sedan l’empereur Napoléon III, désormais prisonnier de l’ennemi prussien. « Je suis donc prêt si mon pays m’appelle, à remplir la mission qu’un devoir sacré m’impose. De la restauration de ce principe en France, dépend, j’en ai la conviction, le sort de l’Europe. Que Votre majesté le sache bien, la nation a été surprise, elle ne sera jamais abattue. (…) Si la victoire à ses exigences, c’est à la sagesse des princes qu’il convient de les refermer dans de justes limites (…). ». Guillaume Ier ignore la supplique et laisse son chancelier Otto von Bismarck, celui qui a manipulé les français en produisant un faux afin de mener le Second empire dans une inéluctable chute, s’empresser de doucher les espoirs du petit-fils de Charles X. Il n’entend pas « contribuer à encourager la droite monarchique en France » et préfère une « faible république à une forte monarchie » confesse t-il. La proclamation du Reich, dans la galerie des Glaces au château de Versailles, n’est plus qu’une question de temps.
Averti de tout cette agitation, les événements s’enchaînant rapidement, le député Léon Gambetta, chef de l’opposition, prend la décision de monter à la tribune de l’assemblée nationale … « (…) Attendu que tout le temps nécessaire a été de donner à la représentation nationale pour prononcer la déchéance, Nous déclarons que Louis-Napoléon Bonaparte et sa dynastie ont à jamais cessé de régner sur la France. Le peuple a devancé la Chambre qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République : elle est proclamée, et cette révolution est faite au nom du droit et du salut public ».
Parallèlement à cette chute, les fils de Louis-Philippe Ier d’Orléans, le duc d’Aumale et le prince de Joinville, arrivent à la frontière française après avoir quitté Bruxelles. Ils sont refoulés. Gambetta, qui craint une insurrection royaliste, ordonne leur arrestation en cas de récidive. Le comte de Paris, Philippe d’Orléans, tentera d’ailleurs à son tour de débarquer depuis l’Angleterre, quelques jours plus tard mais en vain. C’est un vrai coup d’état qui viennent d’opérer les républicains qui n’ont finalement de légitime que leur seule illégitimité. Preuve en est, que la déchéance de Napoléon III ne sera officiellement acté, presqu’un an plus tard, après l’écrasement dans le sang de la Commune de Paris qui s’est soulevée contre le nouveau régime. L’ultime utopie autogestionnaire tragique de la France avec ses figures incontournables.
L’impératrice Eugénie de Montijo n’a plus d’autres choix que de partir en exil, où elle et son fils vont écrire un nouveau chapitre du roman bonapartiste.
Une république qui, durant ses 7 décennies d’existence, va s’échiner à réécrire l’Histoire de France, tentant de trouver de nouveaux héros afin de mieux s’incarner à travers eux, malmenant son héritage capétien qu’elle manque pourtant de restaurer sur son trône (affaire du drapeau Blanc). Un régime parlementaire marqué par de nombreux scandales de corruption (affaire de Panama, Stavisky..) et d’instabilité parlementaire, bafouant le principe même de suffrage universel. Une république sans liberté, ni égalité ou fraternité, ce credo qu’elle enseigne pourtant dans ses écoles, une réussite et une fierté de modèle laïc. Un régime qui sera définitivement terrassé par les allemands en 1940, ayant lui-même contribué à semer les graines d’une seconde guerre mondiale.
Une république, loin de ce principe de Res Publica qui a caractérisé nos 1000 ans de monarchie, fondée en toute illégalité, il y a 150 ans. Avons-nous réellement quelque chose à célébrer alors que sa cinquième consœur, en fin de vie, nous offre ce triste visage identique et quotidien de divisions et de crises en tout genre, mettant à mal autant notre histoire , notre identité française désormais menacée de l’intérieur ? Quelque soit la teneur et la symbolique du discours que prononcera le chef de l’état ce matin, qui entend s’inscrire dans la continuité de la IIIème République afin de dénoncer « ce séparatisme » qui pourrait nous faire basculer dans une guerre civile, elle a déjà les mêmes saveurs que ce 4 septembre 1870 : Celle de l’échec.
Frederic de Natal
« Les Rois ont fait la France ! Elle se défait sans Roi. Si tu veux ta délivrance, Pense clair et marche droit ! Français, nous voulons une France, Mais à la France il faut un Roi ! «