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France-Afrique : Un ouvrage décisif

La chronique de Stéphane Blanchonnet (le Bien Commun n°24 – Décembre 2020)

Le livre de Loup Viallet, La Fin du franc CFA, qui vient de paraître chez VA Éditions, est un chef d’œuvre de clarté et de pédagogie. Il est aussi une arme de destruction massive lancée contre les bataillons de l’idéologie décoloniale qui gangrène le pays légal, médias, partis politiques et pseudo intellectuels spécialisés dans la production de calomnies contre la France. Chiffres à l’appui, Loup Viallet nous dépeint la réalité économique des rapports de la France et des pays de son ancien empire colonial subsaharien. Après une période de protectionnisme impérial, qui eut peut-être le mérite de la protéger après la crise de 1929, mais qui était aussi un frein à la modernisation de son économie, la France a fait le choix après-guerre de réorienter ses échanges dans l’hémisphère nord, en Europe surtout, et de décoloniser son économie. Après les indépendances, le maintien d’une zone franc en Afrique, garantie par la France, n’a pas tant servi le néo­colonialisme français, comme le prétendent les différents complotistes africains et leurs inspirateurs français (Parti communiste français, médias de gauche), que les pays de cette zone eux-mêmes, qui ont bénéficié d’une monnaie stable et ont ainsi été préservés des affres de l’inflation pendant que, dans le même temps, les pays de leur voisinage régional immédiat subissaient de plein fouet des chocs économiques dévastateurs. C’est si vrai que malgré la démagogie de certains de leurs politiciens, toujours prompts à faire de la France le bouc émissaire de leurs échecs, aucun de ces pays n’a sérieusement envisagé de quitter cette zone de stabilité (à l’exception du Mali mais qui a fini par revenir dans le Franc CFA) et que d’autres pays, qui n’étaient pas d’anciennes colonies françaises, comme la Guinée Bissau et la Guinée équatoriale, deux pays lusophones, s’y sont finalement joints. Aujourd’hui l’importance de la zone franc pour l’économie française est tellement négligeable (moins de 1 % de nos échanges, les pays de la zone n’étant même plus nos premiers partenaires en Afrique !) que le maintien de ce partenariat coûteux et négatif en terme d’image (la France reste la cible favorite de tous les démagogues en Afrique) ne se justifie plus que par des impératifs de sécurité. En effet, un naufrage économique des pays de l’ancienne AOF et de l’ancienne AEF pourrait avoir pour nous de graves conséquences en terme de pression migratoire et d’accroissement du risque terroriste. Est-ce pour autant une raison pour proposer, comme l’a fait Emmanuel Macron, de renoncer à tout contrôle français sur les deux banques centrales de la zone tout en continuant à garantir la valeur d’une monnaie qu’on débaptiserait par la même occasion pour complaire à ceux qui nous dénigrent en permanence ? La France a décidément besoin, en Afrique comme ailleurs, de dirigeants qui cessent de s’humilier et recommencent à inspirer le respect !

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