L’éditorial de François Marcilhac
Les patriotes en peau de lapin, ou en hermine — mais il y a bien longtemps qu’en signe de domestication le lapin a remplacé l’hermine —, pensent-ils donc que la gauche bien-pensante leur sera reconnaissante d’être venus si rapidement au secours (moral) de Carole Delga, la présidente socialiste du Conseil régional d’Occitanie et, surtout, d’avoir fait leur le mensonge en reprenant ses éléments de langage, après le simple chahut contre l’islamo-gauchisme organisé, au sein de l’hémicycle régional, par quelques jeunes militants royalistes, dans la tradition d’Action française ? Manifestement peu reconnaissante du soutien-éclair de certains d’entre eux, il est vrai parfois mieux inspirés, elle a déclaré : « Avec la banderole, j’ai pu voir que c’était ce groupuscule, Action Française. Mais la marque de l’extrême droite, c’est la violence. Et vous pouvez voir sur les réseaux sociaux toutes les insultes, toutes les menaces de mort qui sont transférées à mon encontre. Et là, c’est le vrai visage de l’extrême droite, que ce soit pour ce groupuscule Action Française que pour le parti du Front national. » C’était bien la peine de faire du zèle et de participer à un amalgame grossier, en s’empressant de dénoncer, pour s’en désolidariser au plus vite, « une action violente » dans un simple chahut conçu comme un signal d’alerte, alors même qu’on ne peut reprocher aucune violence physique ni aucune destruction de quelque bien que ce soit, public ou privé, aux camelots du Roi ! Ni aucune menace de mort ! Mais qu’importe ? « Nous n’avons strictement rien à voir avec ces gens », « pas de place pour la violence en démocratie », « l’intrusion des militants de l’Action française est ridicule, consternante et inacceptable » : autant de fadaises inspirées par la peur de son ombre.
Car, on aura beau faire, les camelots du Roi ne sont pas les black blocs du royalisme ! Et le royalisme a certainement moins à faire avec l’extrême droite que ceux qui dénoncent nos militants pour se refaire une virginité. En tout cas, ce n’est pas en avalisant des amalgames indignes qu’on peut mériter le respect des Français. Que ceux qui se prétendent patriotes laissent aux socialistes et à leur ami Macron — qui a apporté son soutien à la présidente du conseil régional — ces amalgames qui n’ont d’autre but que de brider un peu plus la liberté politique en France. Ainsi, sans vergogne, la présidente socialiste a su tout de suite, a-t-elle déclaré à France Bleu, que le coup venait de l’estrème-droâte — se sachant peut-être indemne de tout reproche du côté de l’islamo-gauchisme ? Et d’ajouter, comme si elle avait échappé à quelque attentat : « Il était important que la démocratie gagne par rapport à cette violence. Et je connais l’attachement d’Emmanuel Macron à l’expression démocratique et à son opposition totale à ces idées d’extrême droite. […] [Le ministre de l’Intérieur] Gérald Darmanin m’a aussi joint. Tous les élus républicains m’ont témoigné leur soutien. Mes collègues aussi, les présidents de régions. De nombreux maires, de nombreux élus et aussi des citoyens qui réagissent, me soutiennent de façon très chaleureuse et très fraternelle. » Heureusement, le ridicule ne tue pas. Quelle indécence, surtout, à l’heure où le pays continue d’être confronté aux menaces d’une vraie violence, celle réelle et sanglante, qui tue, de l’islamisme radical ! Car, à aucun moment, ni elle, ni les autres élus n’ont évidemment été menacés.
Le plus grave est cette macronisation des esprits que traduit ce consensus mou sur le mensonge, qui vise simplement à diaboliser toute forme d’opposition — même un simple chahut — en l’assimilant à de la « violence », à partir du moment où cette contestation provient de Français patriotes qui n’appartiennent pas au pays légal et qui n’ont, d’ailleurs, aucune envie d’y émarger un jour. On nous a déjà fait le coup avec les Gilets jaunes : la droite qui, du reste, ne se dit plus ni « nationale » ni « populaire », a alors surtout briller par son « Courage, fuyons ! », laissant à la gauche radicale le soin de pourrir le mouvement. Afin de le discréditer, au profit du pouvoir en place. Et puis, il ne faut pas se priver du bulletin de vote du CRS de base : c’est lui qui assurera la victoire.
Ce n’est pas en ajoutant à la confusion qu’on sortira la France de l’impasse où elle se trouve. Ni en jouant les idiots utiles du macronisme. Car la macronisation des esprits n’a qu’un seul objectif : persuader les Français que toute opposition au désordre établi est « en même temps » une violence en soi et qu’il convient, en conséquence, de préserver le désordre établi. Les royalistes ont raison de penser que l’espérance est ailleurs.
François Marcilhac