Par Gabrielle Cluzel
Élections en France, distance, accoutumance… les trois à la fois ? On ne peut pas dire que l’égorgement de Würzburg, vendredi (l’Allemagne, à l’instar de la France, découvre le syndrome afghan : ce jour de la semaine est à risque), ait suscité un grand intérêt dans notre pays. Pourtant, tout est si semblable à ce que vous vivons…
Libération s’en est fait l’écho dans ce qui ressemble à un morceau d’anthologie : « Selon un témoin, il aurait crié lors de son acte Allah Akbar », mais « on ignore encore les motivations précises de l’agresseur » (sic). C’est vrai qu’on se gratte la tête avec perplexité, on se perd en conjectures… Pour la défense de Libération, les autorités allemandes ont elles-mêmes fait montre de pudeurs de rosière : était-ce le fait d’un déséquilibré – l’homme était connu pour faits de violences et avait été interné pour troubles psychiatriques – ou d’un islamiste ? Le ministre de l’Intérieur bavarois, Joachim Herrmann, s’interrogeait quelques heures après les faits, reconnaissant que l’un n’était pas forcément exclusif de l’autre. On pourrait même dire – soyons fous à notre tour – que les deux vont de pair. Quelle sorte de braves gens sains d’esprit et bien dans leur peau se lèvent le matin avec l’idée irrépressible d’aller assassiner leur prochain ?
Quoi qu’il en soit, dimanche soir, ledit ministre admettait finalement (Bild) « qu’à la lumière de ce [qu’ils] avaient retrouvé, beaucoup d’éléments [indiquaient] qu’il pourrait s’agir d’un acte islamiste ». Le Monde parle de « retenue politique » dans les réactions. Préférant sans doute laisser passer la vague de l’émotion et de la colère avant de lâcher tout le morceau, les gouvernants allemands, gênés aux entournures, se hâtent aussi lentement que leurs homologues français.
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