Le « non » à l’indépendance de cet archipel français stratégique du Pacifique Sud l’emporte à 96,49%, selon les résultats officiels communiqués par le Haut-Commissariat. « Nous ne pouvons ignorer que le corps électoral est resté profondément divisé », a reconnu le président Macron dans une allocution. « Une période de transition s’ouvre, qui doit nous conduire à bâtir un projet commun. […] La promesse du destin commun doit nous guider », a-t-il ajouté sans rire. Il est temps en effet que l’État français développe une politique qui soit à la hauteur des enjeux stratégiques de cette région du Pacifique.
Si la majorité de la population reste réfractaire à l’indépendance, le résultat du scrutin doit être modéré par la non-participation d’une large partie de la communauté canaque, que les indépendantistes n’ont pas laissée libre de se rendre aux urnes. Comme ils l’avaient fait en 1987, se sentant peu sûrs du résultat, les sécessionnistes ont en effet appelé à boycotter ce troisième référendum dont ils avaient eux-mêmes appelé à la tenue – car les accords de Matignon le rendaient facultatif – dans le seul but d’en délégitimer le résultat.
Nous avons néanmoins tout lieu de nous réjouir de la victoire du « non » car la contestation de la présence française est attisée et même dirigée par des agents chinois. L’Empire du Milieu a en effet tout intérêt à l’indépendance du « Caillou » du fait de sa position stratégique dans le Pacifique Sud et de son potentiel minier et industriel. C’est probablement la raison essentielle du revirement des Australiens dans l’affaire des sous-marins, la France apparaissant dans le monde entier, et surtout aux yeux de la nouvelle coalition anglo-saxonne, comme peu disposée à se battre pour la Nouvelle-Calédonie et donc jugée peu fiable dans cette région. Comme dans l’Océan Indien, Pékin conduit une politique d’expansion économique commerciale et à terme même d’infrastructure militaire du fait de la position géographique de l’Ile, laquelle avec la poussière des territoires polynésiens constituerait un réseau capable d’isoler l’Australie et la Nouvelle-Zélande de leur allié américain.
La bataille n’est pas finie et il est urgent que le gouvernement renforce la position de la France dans cette région, en libérant l’archipel des sordides intrigues politiciennes et en dotant 1) la Nouvelle-Calédonie d’institutions reconnues par la grande majorité des Néo-Calédoniens ; 2) la marine nationale d’une capacité d’intervention digne de ce nom ; 3) la France d’une vraie diplomatie. La République en est-elle capable ? Malheureusement, poser la question, c’est déjà y répondre.