Macron fauteur de guerre civile
Préparant déjà son ralliement à Macron, le désormais trop prévisible Robert Ménard a déclaré au mensuel Causeur du mois de mai : « Je préfère cinquante ans de Macron à un an de guerre civile. » En même temps, les médias officiels nous la jouent avec Mélenchon comme ils nous l’ont jouée avec Zemmour puis, quand il s’est avéré qu’il ne passerait pas le cap du second tour de la présidentielle, avec Marine Le Pen : faire peur aux chaumières. Agiter, dans les deux cas, le spectre de la guerre civile. Et dans les deux cas aussi, pour effrayer le bobo, évoquer non plus les chars soviétiques comme pour les législatives de 1973 — celles du programme commun —, mais les chars russes, ce qui, il est vrai, revient au même pour des esprits ayant intégré les paradigmes états-uniens. Mais alors que Brejnev n’avait à Paris en 1973 qu’un seul relai, Marchais, Poutine, en 2022, en aurait trois : Le Pen, Zemmour et Mélenchon. Manifestement, la menace a triplé de volume puisqu’elle représente désormais jusqu’à 50 % du corps électoral.
Pas plus évidemment que l’influence russe ne représenterait, en cas de victoire du camp patriote ou de l’alliance NUPES, une menace pour la souveraineté d’une France… aujourd’hui soumise à l’OTAN et donc à Washington, pas plus la victoire de l’un ou de l’autre ne représenterait une menace directe de guerre civile, à moins qu’on ne fasse tout pour qu’elle éclate. Car Robert Ménard se trompe : il ne s’agit pas de préférer cinquante ans de Macron à un an de guerre civile. Déjà parce que Macron mettrait moins de cinquante ans à détruire la France. Ensuite, parce que c’est le macronisme qui comporte le plus de risques de guerre civile, en s’attaquant, par petites touches successives, à la solidité de nos remparts et en accumulant les causes de dissension, de ruptures profondes, d’hostilité encore plus ou moins larvée, mais qui pourrait, un jour, s’exprimer dans une violence que plus rien ne maîtriserait. En favorisant une immigration invasive, en continuant d’affaiblir la famille et en pervertissant la conception anthropologique de notre société, en habituant les Français à se penser en tant qu’Européens et à ne concevoir la France que comme un district de la « souveraineté européenne »…et de l’alliance « atlantique », en fracturant la société entre mondialistes aussi arrogants qu’indifférents à la nation et membres d’un pays réel méprisé, en promouvant le communautarisme, en cherchant à ôter aux Français tout désir de persévérer dans l’être et en trahissant ouvertement la France, tout simplement parce que le mot « trahison » n’a plus de sens pour une intelligence fourvoyée dans le mondialisme, oui, le macronisme risque de conduire à la guerre civile.
À l’heure où nous écrivons, les désordres qui suivraient l’élection (très improbable) d’une majorité patriote ou (peu probable) d’une majorité « NUPES » révéleraient avant tout les tensions à l’œuvre au sein de la société française et qui affleurent déjà au gré de faits divers ou de mouvements sociaux en raison même du consensus politique droite-gauche depuis quarante ans, dont le macronisme est l’expression la plus aboutie — c’est pourquoi il a vidé de leur maigre substance les partis traditionnels dits de gouvernement. Toutefois, de tels désordres, même impressionnants, voire douloureux, ne conduiraient pas nécessairement à une guerre civile. Les forces patriotes ont, pour ce qui les concerne, moins que tout autre l’esprit de guerre civile, à l’exception de quelques illuminés qui servent surtout d’idiots utiles au pouvoir pour inventer artificiellement une menace « fasciste » qui permet, par contrecoup, de les diaboliser. En revanche, il est vrai que les « quartiers » pourraient se mobiliser au cas où un gouvernement patriote chercherait à appliquer effectivement son programme en matière d’immigration, de séparatisme et de lutte contre l’islamisme. Il n’est pas certain alors que Macron n’essaierait pas de jouer les « quartiers » contre ce gouvernement, dans le seul but de le décrédibiliser aux yeux et des Français et de l’Europe. Macron est un immigrationniste et, foncièrement, un communautariste. Sa loi sur le séparatisme est inopérante contre l’islamisme parce qu’elle ne s’attaque pas aux causes : une immigration hors contrôle, le refus de l’Etat, sous prétexte d’engagements européens et internationaux, d’appliquer une politique efficace en matière de reconduite à la frontière ou de révision de la nationalité, notamment l’abandon d’un droit du sol qui se retourne contre la France. Un gouvernement patriote devrait alors s’assurer de la loyauté des forces de l’ordre, voire de l’armée, afin que, précisément, la situation reste dans le cadre du maintien de l’ordre.
L’électorat mélenchoniste, quant à lui, est bien plus hétérogène que l’électorat social-patriote ou identitaire-patriote. En cas de victoire, ses contradictions internes éclateraient, entre la frange sociale-populiste, attirée surtout par le discours sur le pouvoir d’achat et les réformes sociales, et la frange islamo-communautariste, finalement peu représentée parmi les cadres de LFI et dont Mélenchon se sert comme force d’appoint, ce qui ne signifie pas qu’il ne joue pas avec le feu comme un apprenti sorcier. Elle pourrait en effet lui échapper si la majorité refusait ses revendications maximalistes et faire éclater des émeutes dans les « quartiers » que le pouvoir, désorienté et enclin d’abord à la conciliation, ne réprimerait pas immédiatement, prenant le risque de les laisser s’amplifier.
LFI est également engagée dans une alliance elle-même très hétérogène (allant des islamo-gauchistes aux communistes en passant par les écologistes et les socialistes) dont les propres contradictions éclateraient elles aussi bien vite, même si l’affaire du burkini dans les piscines de Grenoble le montre, écologistes et LFI visent le même électorat islamiste… Le danger est évidemment de ce côté-là, mais ce n’est pas une majorité « Renaissance » qui permettra de le juguler. Le communautarisme prospère et Macron lui a envoyé un signal très fort durant la campagne du second tour en faisant du voile islamique un marqueur …féministe ! Il lui en a envoyé un plus fort encore en nommant, à la plus grande satisfaction de la gauche, Pap Ndiaye à la tête de l’éducation nationale, à savoir un indigéniste forcené, membre du CRAN (Conseil représentatif (sic) des Associations noires), groupuscule racialiste et fanatique, historien de profession qui a appris la cancel culture aux Etats-Unis et …quitté le Musée de l’histoire de l’immigration pour la rue de Grenelle ! Le président ne pense plus en termes d’identité et d’unité nationales, toutes choses qui sont dépassées à ses yeux. « Déconstrution », voire « Destruction » serait un nom plus exact que « Renaissance » pour sa coalition.
La menace la plus précise vient donc essentiellement d’un pouvoir macronien qui a d’ailleurs déjà prouvé, dans l’épisode des Gilets jaunes, ou durant la pandémie, qu’il était capable du pire : à savoir de dénier à une partie des Français leur qualité de citoyens à travers une violence extrême, physique et verbale, dans le seul objectif de les pousser à la faute ou au désespoir, les milices supplétives du régime que sont les antifa et autres casseurs servant à discréditer l’adversaire politique. Surtout si celui-ci ne passe pas par le filtre d’une représentation politique mais est directement issu du pays réel, comme ce fut le cas des Gilets jaunes ou des antipasse sanitaire. Soyons certains que ce pouvoir n’hésitera devant aucune provocation pour se maintenir et continuer son œuvre de destruction du pays, en s’appuyant s’il le faut sur des Républicains devenus un parti-croupion, voire sur des députés de gauche et des écologistes qui pensent eux aussi « globalisme », communautarisme, voire islamisme. Jusqu’à se risquer à allumer la mèche, après avoir préparé les conditions objectives d’une guerre civile, dont la France sortirait exsangue.
François Marcilhac (Le Bien Commun)