Par Dr Charles Saint-Prot
Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitique
Aujourd’hui, le monde est en recomposition. On peut assister à l’effacement des anciennes puissances, notamment en Afrique. C’est ainsi que l’ambassadeur de France au Niger a appris la nouvelle du coup d’Etat à Niamey en lisant les journaux comme un vulgaire diplomate balte !
Il est vrai que la France pèse de moins en moins en Afrique depuis Mitterrand, Hollande et Macron. En effet, Macron est l’héritier de Mitterrand et Hollande et non du général de Gaulle. De Gaulle était l’homme qui dit Non, Macron celui qui dit toujours Oui : aux États-Unis, à l’Allemagne, à tout ce qui n’est pas français.
La nature ayant horreur du vide : Israël pour la garde présidentielle, la Russie qui a une vieille tradition politique en Afrique depuis l’URSS, les États-Unis, la Chine, la Turquie, les monarchies arabes du Golfe se sont précipitées pour vendre leurs produits ou leurs services.
C’est la même logique véritablement « pétainiste » qui conduit Macron – pour des raisons bassement électorales et pratiquant l’art de se tromper- à prendre systématiquement le mauvais parti : l’Ukraine contre la Russie, la Grèce contre la Turquie, l’Algérie contre le Maroc…
Le Maroc et le nouvel ordre mondial
Quelles options stratégiques le Maroc devrait-il envisager pour optimiser son positionnement dans le monde de demain de manière à tirer meilleur profit pour son développement économique et social ?
La réponse est claire : il doit rester lui-même, le pays du juste milieu.
Certes, comme toute nation, le Maroc a ses priorités, en premier lieu la question du Sahara marocain, mais il a une diplomatie d’envergure impulsée par la Monarchie qui ne se laisse marcher sur le pied par aucune puissance : ni les États-Unis, ni l’Allemagne, ni l’Espagne, ni Macron lequel ne peut s’empêcher de donner des leçons au monde entier et qui croit- comme l’Occident américanisé-que les peuples du monde sont prêts à adopter les prétendues valeurs nées dans les universités américaines où des néo-gauchistes enseignent à des aveugles comment déconstruire la société (notamment avec le « mariage pour tous » et la sous-« culture » LGBTiste.
La politique étrangère marocaine depuis l’avènement du Roi Mohammed VI a été caractérisée par la fermeté et des mesures de rétorsion concrètes chaque fois que les intérêts supérieurs du Maroc sont touchés, et notamment concernant la question du Sahara marocain.
Il reste indéniable que, grâce à la politique visionnaire de Mohammed VI, le Maroc entre dans la modernité comme l’affirme Nicolas Sarkozy dans son récent ouvrage Le temps des combats chez Fayard
Le peuple marocain est conscient que l’État agit avec efficacité dans tous les domaines : le fonds pour les catastrophes a été activé, la compétence des institutions civiles est reconnue, l’implication des Forces Armées Royales est indéniable d’autant que n’est pas la première fois que les militaires sont mis à contribution (à l’intérieur ou à l’extérieur, par exemple les hôpitaux de campagne en Turquie, en Palestine, en Espagne…).
Un Roi à la barre
C’est peut-être la première décision prise par Mohammed VI à la suite du séisme intervenu la nuit de vendredi à samedi 9 septembre. Le roi, qui est aussi Chef Suprême et chef d’état-major général des Forces armées royales (FAR), a annoncé la mobilisation des FAR pour prêter main-forte aux différents corps chargés de secourir les victimes. Depuis, les différentes forces d’intervention marocaines, pilotées par une cellule mise en place spécialement par le ministère de l’Intérieur, poursuivent leurs opérations de sauvetage et d’assistance.
Les Oualis sont chargés de la coordination des secours dans chaque région concernée. Bien sûr, le Roi est à la manœuvre. Il donne ses instructions heure par heure…
Le message est clair : il y a quelqu’un à la barre. Et le peuple marocain a bien capté que le Roi fixe le cap et qu’il agit, comme toujours, pour le bien commun. Enfin, le peuple et le Roi sont convaincus que le Maroc n’est pas un petit pays et qu’il dispose des moyens et de la volonté pour faire face dans la dignité et sans abdiquer la moindre parcelle de sa souveraineté.
Le monde multipolaire
Les conditions d’un monde plus juste sont connues, il faut un ordre multipolaire. Cela passe par le rôle reconnu aux États-nations par le traité de Westphalie en 1648. De ce traité Jacques Bainville a pu noter dans son Histoire de France : « il est rare qu’on puisse fixer des moments où la politique a obtenu ce qu’elle cherchait ». Ce traité – dû à la détermination de Richelieu puis de Mazarin- fut un grand succès de la France puisqu’il consacrait la division des Allemagnes, la victoire de La Nation sur les empires et le fait que l’État-nation était reconnu jusqu’à nos jours comme principal sujet du droit international.
Pierre Gaxotte disait que le gigantisme est un mythe, tout juste bon à nuire aux nations au nom d’empires malfaisants. C’est exactement le contraire de l’ordre juste. C’est la victoire de l’idéologie sur la mesure. Ce n’est pas affaire de dimension mais de volonté, c’est à dire de politique
Assurément un monde multipolaire exige des nations fortes. C’est ce qu’avait compris le général de Gaulle. C’est ce qu’a aussi compris le Roi Mohammed VI qui, fidèle aux principes de la Monarchie, conduit une sage politique de juste milieu qui fait que le Maroc est infiniment plus grand que lui-même !
Au grand dam des idéologues et des cercles « gauchisants », le Maroc offre l’image d’une monarchie moderne. Alors que les régimes républicains s’assoupissent dans une torpeur mortifère, le Royaume se caractérise par une institution nationale, populaire et dynamique. Quand ailleurs ne règne que la léthargie, le Maroc est véritablement une nation en marche. »