Malgré la voix grave et solennelle du ministre de la justice et la réprobation quasi unanime de la presse et de l’opinion, le Syndicat de la magistrature (SM) a maintenu sa présence à la fête de l’Humanité. Gageons qu’une fois l’incident vite oublié, aucune sanction ne sera prise alors que les motifs ne manquent pas, notamment l’évident manquement à l’obligation de réserve. Les commissions de discipline du siège et du parquet savent en faire un usage fréquent pour bien moins grave que cela.
Pour moins grave parce que l’attitude du SM est lourde de conséquence. Elle s’inscrit dans une démarche idéologique constante soutenant que la justice doit pouvoir rendre des décisions politiques. Alors que ce syndicat demande de manière récurrente des dispositions législatives permettant de renforcer l’indépendance des magistrats, le voilà qui se place sous la bannière du Parti communiste !
Il est à craindre que ce précédent ne restera pas isolé et que l’absence de réaction concrète de l’État, c’est-à-dire l’illustration d’une nouvelle lâcheté, n’ouvre la porte à une dangereuse déstabilisation de la chaîne judicaire et, par voie de conséquence, à la perte de la confiance que tout un chacun est en droit d’avoir en ses juges.
L’Action française rappelle que la justice constitue le pouvoir régalien par excellence. C’est le chef de l’État qui devrait être, seul, le garant de l’indépendance de la justice. Il dispose notamment du droit de grâce, héritier en cela du roi dont il tient l’autorité. Encore faudrait-il qu’il ne soit pas l’homme d’une coalition partisane. À défaut, comme aujourd’hui, l’institution est fragilisée. Elle s’exerce en pleine contradiction, orpheline de son protecteur naturel.
La provocation délibérée du Syndicat de la magistrature est un mauvais coup porté à l’une des institutions majeures au service de l’équilibre social.