Par Adègne Nova
Ah oui, le gouvernement s’intéresse à l’agriculture ! Comme les céréaliers qui sèment du colza ou de l’orge, il sème des mots, encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots. Ainsi, notre « Dernier-né ministre » qui répondait à un agriculteur à Saint Laurent-d’Agny dans le Rhône : « C’est un sujet majeur et je le dis de manière très claire, je le prends très au sérieux. On a une grande chance en France, c’est notre agriculture qui nous permet une certaine indépendance et une certaine autonomie… ». Mais quand ceci est dit… rien n’est fait !
De telles belles déclarations ont de plus en plus de mal à endormir les foules, les manifestants et leurs soutiens (chaque jour plus nombreux). D’autant que pendant que s’époumone le nouveau « Premier de la classe » pour dire tout le bonheur qu’il a de voir en France des agriculteurs qui ne comptent pas leurs heures (ah, ça change des inutiles de l’administration uniquement achetés, pardon, embauchés, pour que les scrutins soient bons) pour produire des tomates, des cerises et des poulets toujours plus sains, les technocrates de l’Empire bruxellois négocient de nouveaux accords de libre-échange toujours plus déloyaux à l’encontre de nos producteurs. En ce moment nos dirigeants frétillent à l’idée du prochain papier signé avec le MERCOSUR, après avoir paraphé ceux avec le Canada, le Japon, le Vietnam, l’Ukraine, le Chili, la Nouvelle-Zélande, le Kenya et j’en passe.
Leurs yeux pétillent à l’idée des prochains avantages et bénéfices qui vont nourrir leur ego, leur portefeuille et leur position, alors que les agriculteurs ont le regard empreint de fatigue et de désespoir et, depuis quelques heures, empli de larmes qui ne cessent et ne cesseront plus de couler pour Alexandra et Camille, fauchées, le 23 janvier dernier à 5h45, par un chauffard fou qui n’aurait pas dû être là si le gouvernement avait fait son travail en faisant appliquer la loi. Mais les lois, nombreuses, trop nombreuses – rappelons que la France est la championne du monde de l’exercice, souvent sont faites pour permettre à leurs penseurs de laisser une trace, leur nom, dans l’histoire (la petite).
Depuis le 24 juillet 2006 et la promulgation du texte relatif à l’immigration et à l’intégration, « l’étranger dispose, pour satisfaire à l’obligation de quitter le territoire français d’un délai d’un mois à compter de sa notification. Passé ce délai, cette obligation peut être exécutée d’office par l’administration ». Mais alors que faisait cette voiture de grosse cylindrée (de marque allemande) sur une route fermée à la circulation à l’aide d’un dispositif de sécurité qui condamnait l’accès au point de manifestation où la jeune éleveuse et sa fille de 12 ans se réchauffaient sous un barnum en buvant un chocolat chaud ? Que faisaient là ces 3 OQTF, auxquels une notification de quitter l’Hexagone avait été remise en 2022 et 2023 ? Pourquoi avaient-ils pris le volant pour se rendre tranquillement chez une connaissance en Ariège alors que la loi le leur interdisait ?
En 2020, ce sont 107 488 personnes qui ont été concernées par une telle obligation, 124 111 l’année suivante… mais seulement 7% environ sont effectivement parties (selon les chiffres officiels donnés par l’administration… ce qui peut laisser planer quelques doutes). En Europe, ah l’Europe, l’Europe…, la France est l’un des pays les plus mauvais, si ce n’est le pire, en termes de taux d’exécution des OQTF. L’État a failli ! Comme en tout, comme d’habitude finalement. La seule réponse qu’il apportera : des chèques, des millions déversés encore pour faire taire la colère, pour tâcher d’éteindre l’incendie qu’il attise par ailleurs… et que chaque Français remboursera d’une manière ou d’une autre. L’État républicain vit pour lui et pour l’Empire, il ne connaît pas les Français qu’il snobe, car il est totalement hermétique au reste de la population ; le bien commun n’est pas sa préoccupation, il ne le considère pas comme relevant de son ressort, il ne sait même pas de quoi il s’agit.
Depuis plusieurs jours maintenant, les agriculteurs manifestent, soutenus par beaucoup, accompagnés de plus en plus… et ce n’est que langue de bois.
« Une parole encore, paroles et paroles et paroles, des mots faciles, encore des paroles que tu sèmes au vent, des mots tactiques qui sonnent faux, oui tellement faux, si tu savais comme j’ai envie d’un peu de silence »…