Adègne Nova
Aujourd’hui, nous sommes allés à la rencontre d’une bergère (que nous appellerons plus loin Cardomine) pour savoir ce qu’il en est réellement des loups en Provence.
Il y a une douzaine d’années, quand elle s’est installée, elle s’est enquise de la présence du canis lupu sur la commune bucco-rhodanienne qu’elle avait choisie pour son élevage : « Tout est sous contrôle », lui avait-on dit à l’époque. Bonne nouvelle ! Les mâles devaient certainement être castrés ou les femelles stérilisées, elle pouvait être sereine, jamais le loup ne s’en prendrait à ses chevreaux. Mais c’était là croire à la probité des pouvoirs publics, or, billevesées, duplicité et mensonges sont les attributs qui qualifient le mieux nos actuels dirigeants…
« Le nombre de loups en France revu à la hausse : à peu près deux tiers vivent dans la région Paca », titrait La Provence le 11 septembre dernier. Cardomine nous explique que les chiffres là dévoilés doivent être considérés avec circonspection. En effet, certaines personnes chargées du recensement des meutes et de leurs membres font état de données erronées au moment où elles sont divulguées aux Français : les chiffres officiellement diffusés sont divisés par… 3 ou 4 ! L’article de presse ici mentionné indique que « la région Paca abrit[e] environ les deux tiers des 1100 loups de France (…) ».
De pseudo-écologistes imposent, depuis des années, leur point de vue concernant l’animal, suivis par une horde d’associations « protectrices » qui, pour défendre la bête légendaire, n’ont aucun état d’âme s’agissant des troupeaux et de leurs éleveurs. C’est là une épine de plus dans le pied des agriculteurs qui, à ce rythme, auront tôt fait de devenir fakirs !
En Europe – ah, Union européenne quand tu nous tiens… –, le loup est protégé par la Convention de Berne de 1979, transcrite dans le droit français en 1989, l’arrêté du 22 juillet 1993 protégeant l’espèce sur le territoire national. De fait, la France doit veiller à la conservation de l’espèce. Donc, toute action individuelle, personnelle, d’exaspération, pour la survie d’une exploitation agricole, de dépit, etc. est strictement interdite !
Alors l’écolo-bobo citadin explique sur les plateaux-télé qu’il fréquente – qu’il envahit, devrions-nous dire avec plus de justesse, comme l’animal réintroduit qu’il défend envahit les campagnes – que le loup régule les populations de sangliers. Tiens donc, certaines vies valent moins que d’autres (mais c’est là un sujet qui mérite une pleine attention), ainsi les suidés, qualifiés d’espèce ingénieure, seraient nuisibles si trop nombreux… Il faut dire que le représentant d’Erymanthe est laid, sale, bruyant, bref il n’a absolument rien de séduisant pour un snob en richelieus qui ne connaît la nature qu’à travers les manuels imprimés par l’UE. En revanche, le loup, lui, bénéficie auprès de la caste qui nous dirige de toute l’aura née des mythes anciens, des contes et légendes qui ont fait de lui l’animal admiré défendu aujourd’hui.
Cardomine nous explique que, oui, le loup se nourrit de la faune sauvage qu’il chasse, mais les brebis, chèvres et même chevaux qui croisent son chemin quand il a faim – et la faim va de plus en plus le tenailler puisque les meutes ne cessent de croître en taille comme en nombre – connaissent le même sort que ses victimes désignées à Paris et Bruxelles. L’un de ses amis, berger comme elle, a été confronté au loup : un jour, parti en colline pour faire pâturer son troupeau, il a vu ses moutons se regrouper subitement, tous serrés les uns contre les autres, les chiens de troupeau fixant tous un même point au loin, en position, prêts à bondir. Le berger a mis quelques minutes avant de voir les yeux des deux loups braqués sur lui. Son regard rivé aux leurs, ils sont ainsi restés de longues secondes – une éternité –, les bêtes sauvages semblant lui faire comprendre qu’elles savaient être patientes et mesurées mais seraient là quand il le faudrait. Impressionnant ! Il n’oubliera jamais ce « tête-à-tête ».
Cardomine ajoute que, désormais, les éleveurs doivent être accompagnés par des chiens de protection – les patous, kangals, abruzzes et autres mâtins espagnols – outre leurs chiens de troupeau s’ils veulent être dédommagés en cas d’attaque ; un quota étant de mise par rapport à la taille du cheptel à protéger. Et attention, que ces dits animaux de protection ne s’avisent pas de s’en prendre à d’autres qu’aux prédateurs définis sinon randonneurs et touristes dérangés dans leur promenade ne manqueront pas de se plaindre, voire de porter plainte… et c’est la piqûre mortelle qui sera dégainée.
Cardomine et ses collègues, jeunes éleveurs comme agriculteurs plus anciens, sont dépités ! Une poignée d’individus, qui ne connaît rien à la nature, rien à l’agriculture, rien à l’élevage, se permet d’imposer ses vues, son idéologie aux professionnels de la campagne, aux hommes vrais de la nature, naturellement écologistes sans se barder de titres verts comme le font les partis et associations pour lesquels « le loup est gentil, c’est l’homme qui est méchant, alors s’il tue c’est la loi de la nature ». Et puis le loup fait tellement fantasmer ces « protecteurs de la nature du dimanche » dont certains vont jusqu’à chercher des morceaux de viande déclassés chez les bouchers pour nourrir les « gentils loups »…
Ce n’est pas avec de tels personnages aussi déconnectés de la vraie vie, aussi peu au fait de ce qui se passe dans le pays réel, que nous pouvons espérer en un avenir meilleur s’agissant de la présence du loup en France… notons que cette dernière remarque est, hélas, applicable à tout sujet d’actualité.