Par Henri Bec
Au-delà des pitoyables pitreries politiciennes, il n’est plus contestable, ni contesté, que la France sombre dans une tragique décadence. Inutile d’insister sur les thèmes constamment évoqués dans l’indifférence générale, économie, désindustrialisation, dette, justice, armée, éducation, politique étrangère…
Il y a cependant un domaine peu ou mal abordé, à vrai dire volontairement éludé, celui de la lutte jamais abandonnée par la République depuis plus de deux cent ans contre l’Église et l’École dite libre, le tout sous le prétexte facile de laïcité, invoqué quasi exclusivement pour s’opposer au déferlement de l’islam. Une notion très utile pour s’attaquer à l’Église.
Les actes de christianophobie se répètent presque quotidiennement sans émouvoir les médias de toute nature, presse écrite ou parlée, pourtant toujours sensibles aux entreprises de destruction affectant les autres secteurs religieux. On ne compte plus les dégradations d’églises quand ce ne sont pas des incendies, destructions de statues ou de calvaires, agressions de prêtres jusqu’à l’assassinat. Tout ceci émane bien souvent de personnes ou groupes radicalisés souhaitant détruire ce qui constitue un pilier majeur de notre civilisation, pour le remplacer par une religion venue d’ailleurs. Autant d’actes pénalement réprimables et peu réprimés… Ce n’est peut-être pas l’essentiel.
Une guerre plus sournoise, et non moins efficace, est engagée depuis longtemps. Des stratégies de déstabilisation sont régulièrement mises en œuvre, vite évoquées puis oubliées.
On pourrait, bien sûr, remonter loin dans le temps ; évoquer des faits plus récents sera suffisant. On se souvient des affirmations péremptoires du ministre socialiste de l’Éducation nationale Vincent Peillon, auteur d’un livre évocateur, La Révolution n’est pas terminée, écrivant clairement : « C’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi… » ajoutant qu’il était du rôle de l’école d’« arracher les enfants à tous les déterminismes sociaux et culturels », ceci permettant l’assimilation d’élèves venus d’ailleurs.
Ce ministre n’était pas isolé. Toute une armée, appuyée par les loges, poursuit ce mauvais travail. Les actes de vandalismes ne sont pas – tout au moins pour l’instant – nécessaires : il y eut Saint-Jean-de-Passy à Paris en 2020, le Lycée Jean Paul II à Compiègne en 2023, le Collège Stanislas à Paris en 2024 et l’Immaculée Conception à Pau, en 2024 également. Situations identiques où le chef d’établissement entendait assumer la dimension catholique de l’institution. Une partie du corps enseignant est entré dans la contestation, se plaignant d’une autorité excessive et d’une orientation catholique agressive. La presse aux ordres n’a pas manqué de servir de caisse de résonance. Pour faire bonne mesure, l’Éducation nationale est venue pointer quelques irrégularités.
Et pour donner une dernière et malheureuse touche au tableau, l’administration diocésaine de l’enseignement catholique a refusé de prendre position,cherchant avec une lâcheté consommée, d’éventuelles conciliations ! Tout ceci sans évoquer les constantes pressions exercées sur les institutions catholiques, avec la menace sous-jacente de suppression.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Les années qui suivirent la politique du « Ralliement » du pape Léon XIII virent à quel point la République laïque était capable de mettre en place une véritable politique de terreur à l’égard de l’Église et des écoles libres. Nous savons, oh ! combien, à l’Action française, à quel point la démocratie chrétienne, alliée à la République, était capable d’abattre ses ennemis qui n’étaient autres que les vrais patriotes. La condamnation prononcée par Pie XI en décembre 1926 était la suite brutale du Ralliement de Léon XIII. Les conséquences sur la politique intérieure et extérieure de la France furent dramatiques. Un basculement s’était opéré.
Le 6 janvier 1907 le courageux pape Pie X, vent debout contre les décisions du gouvernement français, promulgua l’encyclique Une fois encore, rappelant que « si la paix des consciences est rompue en France, ce n’est pas du fait de l’Église mais du fait de ses ennemis ». Veillons à ne pas avoir à reprendre cette formule !
Ne nous laissons pas abuser par des slogans ambigus et pervers. La laïcité tant rabâchée n’est qu’une arme de destruction massive.