Par Jean-Luc Maisonblanche
L’actuel président de la Ve République poursuit son second mandat malgré trois échecs électoraux successifs : aux législatives de 2022, aux européennes de 2024 et aux législatives de 2024 après la décision que ce même président a prise de dissoudre l’Assemblée nationale. Il reste donc légalement président mais il a perdu toute légitimité ! Et rien dans les textes ne l’oblige à démissionner. Il se protège ainsi des recours qui pourraient être exercés contre tels ou tels actes qu’il a commis et dont les conséquences dommageables suscitent un intérêt à agir en demande de réparation. Il prétend par ailleurs protéger la République d’un succès populiste assuré de la candidate du Rassemblement national…
La psychologie explique sa volonté de se maintenir : il prétendra demeurer le recours – par le jeu éventuel de l’article 16 – contre une situation où le crédit de la France serait épuisé auprès des créanciers étrangers et ferait passer les taux d’intérêt pratiques pour financer la dette, à un niveau « inacceptable » car trop élevé pour l’ensemble de l’économie de la France. Laissons les économistes se disputer pour trancher ce point.
L’actuel président, bien qu’étant le responsable du chaos politique, ne pourrait pas, en invitant les Français aux urnes par son départ volontaire, accroître ce chaos et précipiter la chute de la République qui a fait « front » contre les candidats exclus de l’arc républicain. Nous nageons en pleine absurdité. Alors, parvenus à ce fond de l’abîme, osons rêver.
Si par bonheur – ou par malheur – la Providence privait subitement la France de ce chef d’État que le monde entier lui envie, il s’en suivrait des élections présidentielles puis, à l’été 2025, d’autres législatives qui procureraient, selon toute probabilité, une majorité stable au pays. Au moins pour dix-huit mois, avant que la conscience républicaine n’ait repris ses esprits. La classe politique – qui forme ce pays légal tant décrié pour sa veulerie et son absence de courage et d’attachement au bien commun national – semble unanime à souhaiter une telle sortie de crise. Elle le proclame bruyamment…
L’esprit peut-il venir inspirer au locataire de l’Élysée cette solution, en empruntant la voix de quelques conseillers ou membres de cabinet dûment appointes par la Marquise républicaine ?
Le cabinet MacKinsay peut-il encore glisser une diapositive salvatrice dans le PowerPoint permanent qu’il alimente auprès de ses « clients » élyséens ?
Des garanties devraient cependant lui être offertes à court et moyen termes. Quelle institution prestigieuse, quelle banque internationale, quelle organisation non gouvernementale et quelle académie ou université accueillerait ce jeune espoir de la modernité universelle ? Une promesse d’entrée au Panthéon de son vivant ne suffirait plus.
La présidence de l’Institut du monde arabe vient d’être redonnée au toujours jeune Jack Lang pour son quatre-vingtième anniversaire. L’Union européenne, elle, n’a que des places de commissaires à offrir et pas de siège ni de costume à la dimension requise. C’est donc bien vers des horizons plus lointains que l’on devra chercher, non pas les pôles qui n’ont plus d’ambassadeur, mais vers l’État du Delaware aux États-Unis d’Amérique (dont il préfère la langue à celle de Molière) qui sait toujours héberger les hommes providentiels en quête de fortunes immémoriales.
Cessons ce jeu morbide. La piscine du fort de Brégançon ne peut plus être élargie et prêtée aux seuls jeux nautiques des présidents en exercices. Soyons généreux. Castel Gandolfo ou la Maison Sainte-Marthe au Vatican honoreraient le chapelain de Saint-Louis des Français. Lors de son bref séjour sur l’île de beauté, le pape François pourrait y penser et le souffler aux journalistes dans l’avion du retour.
Le pire n’est jamais sûr, disait Bainville…