Par Marc de Rancon
… ou à son lieutenant sur terre, c’est-à-dire le Roi. On ne bavarde pas, ou alors discrètement avec son voisin pour savoir quelles paroles de l’office prononcer ou quels chants entonner au moment pertinent. Dans une église, on ne harangue point, c’est le privilège du curé en chaire. Dans une église, on respecte la sacralité du lieu, transcendance qui se vit par l’intériorité de l’esprit, l’intimité de l’âme, en un mot le silence. Le verbe est superflu, hors celui de la liturgie.
Non, Monsieur de Villiers, non, malgré toute la déférence que nous devons à votre dévotion insoupçonnable, malgré le réflexe « puydufolien » admirable que vous eûtes le soir-même de l’incendie qui ravagea Notre-Dame-de-Paris, nous ne pouvons vous suivre quant à l’absolution que vous avez donnée au citoyen Emmanuel Macron vendredi dernier sur CNews. D’une part vous n’en avez pas la potestas, d’autre part la faute est inexcusable.
Votre ancien ami, que vous avez depuis lors fort justement remis à sa place dans l’ordre de votre jugement, a commis un sacrilège en s’autorisant la parole publique à l’intérieur de la place sacrée. Vous le savez, et c’est ce qui vous taraudait avant même qu’il n’osât le faire. « Les cons, ça ose tout », nul doute que la maxime inventée par Audiard ne vous ait hantée. Mais, c’est humain mais peu glorieux, vous avez voulu minorer l’offense faite au Roi des Rois, le Roi du ciel, car vous avez pensé ainsi laver votre propre faiblesse envers ce petit homme. Lequel se croit citoyen primus inter pares et vraisemblablement – tel son narcissisme est démesuré, intraitable pathologiquement parlant – chef de l’Etat, alors qu’il n’est que sujet – et pas le meilleur – du royaume de France.
Non, on ne prend pas la parole, surtout politique, encore pire politicienne et clientéliste, dans une enceinte sacrée, encore moins celle qui symbolise la France. Non, Monsieur de Villiers, aucune tolérance ne peut venir en excuse, sauf votre propre contrition. Pas un Roi, même reconnu Saint outre trépas, ne s’y est jamais aventuré. Votre freluquet, ex-ami qui vous a berné comme beaucoup d’autres, ne possède aucune circonstance atténuante. Quand un « parrain » veut remercier ses « sponsors » comme on dit dans les milieux mafieux et financiers, il peut le faire plus discrètement. J’aurais admis sous le porche, et sans micro ni caméra. Et encore…
Noblesse oblige, vous valez mieux. Notre-Dame et la France aussi.
Comprenez que la plupart des Français, croyants ou non, pratiquants ou non, catholiques ou non, adeptes d’autres églises ou religions, agnostiques, païens, laïcistes, voire anticléricaux, mais tous patriotes nationaux, soient choqués par l’attitude déplacée de cette indigne petite personne qui, en prenant un micro complaisant au sein de la cathédrale, a manqué de respect à la France et aux Français. Votre ancienne relation mondaine s’est avérée vaine. Votre tentative métapolitique sur ce couple bizarre a échoué. Vous avez tenté, nul ne vous le reprochera, même pas les plus lucides d’entre nous. Errare humanum. Ne persistez pas, vous savez la suite…