L’Outre-Mer, extension d’Ancien Régime
Par Philippe Germain
Le mythe européen s’enlise dans le mondialisme mais l’actualité éclaire les territoires ultra-marins français : ingérence étrangère dans le Pacifique (Nouvelle-Calédonie) et les Caraïbes (Martinique), cyclone dans l’océan indien (Mayotte), visite papale en Méditerranée (Corse). Malheureusement la méconnaissance de notre Outre-Mer est trop répandue.
Le monde médiéval connut durant quatre siècles, du XIe au XVe, un mouvement d’expansion qui porta la langue et la civilisation française sur tous les rivages de la Méditerranée. Un empire, six royaumes, quatre principautés souveraines durent leur naissance au goût d’aventure des barons normands et à la foi catholique des croisés francs. On vit Naples et la Sicile, Constantinople et la Grèce, Chypre, Rhodes, Édesse, Antioche et la Palestine, devenir des États français, tandis que le Portugal, l’Espagne, Florence, la Hongrie et l’Arménie étaient gouvernés par des princes français et le littoral africain, Tunis, Tripoli et l’Égypte voyaient l’éclat de nos armes. L’influence civilisationnelle de l’Occident latin dans l’Outre-Mer médiéval fut très sensible grâce à des princes français.
Puis avec le cycle colonial, le centre du monde moderne se déplaça pour les cinq siècles suivants vers l’Atlantique. Suite des grandes découvertes, au traité de Tordesillas de 1494, Espagnols et Portugais se partagèrent le « Terra nullius » (territoire de personne) avec l’assentiment du pape. Pour contester cette domination, le roi capétien François Ier s’invita en 1503 en Amérique du Sud, sur le territoire hostile de Guyane nommé « France équinoxiale ». En 1534, notre marine encore débutante, permit l’intensification de la pêche morutière et du commerce de la fourrure dans la très catholique « belle province » du Canada en Amérique du Nord. En revanche, en 1555, la colonisation-refuge protestant dit « France antarctique » échoua en Amérique du sud.
L’extension reprit dans les Caraïbes en 1635 avec la Martinique et la Guadeloupe. Les Français étaient un peuple de paysans et non d’émigrants mais l’appât du gain poussa les rares colons à la culture du tabac, exploitant des contractuels métropolitains. En 1654, le sucre étant plus rentable, ils mirent en place une économie basée sur l’achat d’esclaves et la traite négrière. De cette colonisation de peuplement forcée, Maurras dira : « Des nègres venus d’Afrique, transportés aux Antilles, entrés dans les plantations des blancs et devenus ainsi, peu à peu, par l’école, par l’Église, par la vie commune, membres d’une famille européenne, au sens large du mot, ont reçu aisément l’assimilation historique».
En 1665, la France s’installa dans l’Océan indien, sur l’« Île Bourbon », puis, en 1674, commercialement dans l’Inde des cotonnades ou son influence s’étendit territorialement sur tout le Sud grâce à seulement quatre compagnies d’infanterie servant une diplomatie subtile. En 1682, commença l’aventure exploratrice de l’immense « Louisiane » en Amérique du Nord.
L’extension du royaume déclina au traité de Paris de 1763 où la France perdit la plus grande partie de ses territoires ultra-marins au profit de l’Angleterre. La France fera alors l’acquisition de la Corse en 1768 et, en 1772, ses explorations en Océanie lui firent prendre officiellement possession de « l’Australie occidentale française » avec Tahiti. Le mot colonial fut mentionné pour la première fois en 1776 alors que la France n’avait préservé que des confettis et la Guyane et échoua lamentablement sa tentative de colonisation à Kourou. Après 1830, le roi Louis-Philippe ajouta la conquête militaire de l’arrière-pays algérois, l’achat de Mayotte en 1843 et les missionnaires maristes en Nouvelle-Calédonie.
Au moment où le monde post-démocratique (suivant l’expression du sociologue Mathieu Bock-Coté) en gestation se recentre de l’Atlantique vers l’indopacifique, la France dispose toujours de l’outremer intercontinental formé de l’extension d’Ancien-Régime.
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